La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 28 juin 2013

Le problème qu’il débattait ainsi tout en marchant, était d’une classe qui est rarement résolue.


Robert Louis Stevenson, Étrange cas de Dr Jekyll et Mr Hyde, 1886, traduit de l’anglais par Vianney Boissonnade.

C’est le cas étrange d’un roman dont je connais tous les ressorts sans l’avoir lu. Où allait-donc se nicher mon intérêt ? Et qu’ai-je à dire sur un roman aussi mondialement connu ? Et bien…
 Le point de vue narratif est celui d’un juriste, plein de scrupules, homme de devoir et de décision. Combien de romans du XIXe siècle  où l’avocat/le médecin est l’homme de confiance par excellence, réceptacle de tous les secrets ? Il appartient donc à ces romans relevant d'un univers exclusivement masculin : médecins, juristes, les vices, les repas entre célibataires, le monde victorien ne connaît pas les femmes.


G. Berkeley, Album de famille mêlant photographies et aquarelle 
représentant une rue de Londres, 1866-1871, Paris, musée d'Orsay, image RMN
C'est le roman par excellence de la dualité humaine. Chaque individu abrite en son sein des passions inavouables et totalement inconnues : on se demande bien quels sont les vices si terribles de Mr Hyde après tout. Ceci fait bien sûr penser au Portrait de Dorian Gray ainsi que le fait que les vices moraux se lisent sur le visage et la physionomie comme dans un livre de compte. C’est quelque chose de très éloigné de notre propre époque ! Et comme dans tous les romans victoriens, la question de la hiérarchie sociale et la hantise de la déchéance sont au coeur des préoccupations des personnages.
C’est également un livre où le brouillard londonien est très présent, tous les jours, jusque dans les maisons, et ce brouillard fait peur. 
Je suis ravie de ma lecture.

Je me sentais plus jeune, plus léger, plus heureux de corps ; à l’intérieur j’avais conscience d’une capiteuse insouciance, d’un courant d’images sensuelles désordonnées coulant dans mon imagination comme un bief de moulin, d’une solution des liens de l’obligation, d’une liberté inconnue mais non pas innocente de l’âme.
 .
Participation au challenge victorien d'Arieste. Et je poursuis ma lecture de Stevenson.


6 commentaires:

Missycornish a dit…

ça à l'air vraiment bien, je l'ai en anglais et français. Je le lirai à la rentrée. Je n'ai encore rien lu de Stevenson mais j'ai hâte.Même si je connais le sujet je ne connais pas en revanche l'histoire.

catherine a dit…

il existe plusieurs versions illustrées qu'on classe en TI en bibs. Pour les grands enfants!
J'ai une version à la maison aussi.

nathalie a dit…

Il en existe tellement de versions que c'est difficile de s'y retrouver ! Finalement c'est bien de le lire en vrai au moins une fois.

Anis a dit…

Je l'ai lu très jeune et je me demandais si ce n'était pas l'illustration d'une schizophrénie engendrée par tant d'interdits sociaux et de tableaux que le personnage, du coup, n'avait aucune issue.

Arieste a dit…

Un classique qui mérite bien d'être lu, en plus il se lit vite. Même si on connaît la clef du mystère ce roman garde tout son charme.

nathalie a dit…

Anis : oui cela ressemble à une fable psychanalytique en effet, c'est d'ailleurs sans doute pour cela que le roman est si emblématique de l'Angleterre victorienne (avec tous les éléments attendus) comme s'il incarnait une époque.
Arieste : oui, c'est ce que je me demandais en le commençant ! mais ça marche quand même.