Sénèque, Médée, 1er siècle de notre ère, traduit du latin par Florence Dupont.
Une nouvelle (quoique antique)
version de Médée.
Qu’en dire ?
D’abord que j’ai beaucoup aimé
car il y a beaucoup de poésie.
Le chœur se livre à de longues et
belles évocations des traversées en mer, de la mort des héros, inscrivant
l’histoire de Médée dans un monde plus large, une Méditerranée qui, à force
d’être parcourue par les bateaux à rames, est devenue finie et domestiquée.
C’est une belle idée, que l’on ne s’attend pas à trouver à cette époque.
La description des pouvoirs
magiques et des maléfices opérés par Médée est également très précise (plus que
dans d’autres versions) : énumérations de divinités, de serpents, de plantes, de gestes… Médée est
une sorcière terrifiante, elle n’inspire pas autant la compassion que dans
d’autres versions (comme chez Corneille). L’accent est moins mis sur le fait qu’elle est une
femme dans un monde où le pouvoir est masculin que sur le fait qu’elle est
exilée, une Caucasienne, une Arménienne comme le dit la traduction, et non une
Grecque.
Là encore Jason et Créon sont peu
importants, de même que les enfants, simples figurants. Il s'agit presque d'une pièce à un seul personnage, Médée, accompagnée de choeurs. Elle est la grande héroïne tragique, se dirigeant vers son destin.
Beaucoup d’habileté
dans certains dialogues.
C’est très réussi.
Delacroix, Tête de femme, Lille, musée des beaux-arts, image RMN |
Arrache-toi à l’étreinte de la
terrible Caucasienne
Tu n’as connu qu’une femme aux
désirs effrénés
Une femme qui te forçait à la
prendre
Une femme que tu serrais en
tremblant dans tes bras
Apprends le bonheur
Prends la jeune fille des rives
grecques
Retrouve la paix
En recevant ton épouse des mains
de ses parents
Tant de version d'un même mythe...
RépondreSupprimerbonne journée!
Ce personnage est tellement fascinant !
RépondreSupprimerOui et les variations sont riches d'enseignement. Je pense lire cette de Camille Mauclair et après j'arrête.
RépondreSupprimerJe n'en suis pas à comparer les traductions mais cela fait longtemps que je n'ai pas lu ce texte et tu me donnes envie.
RépondreSupprimerJe compare les versions du mythe, pas encore les traductions de Sénèque ! Houlala...
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