La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 21 octobre 2013

Tzia Bonaria lui donna un lit rien que pour elle et une chambre regorgeant de saints méchants.


Michela Murgia, Accabadora, paru en 2009, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, édité en France par le Seuil.

L’héroïne est Maria, quatrième fille d’une famille pauvre confiée (vendue ?) à une veuve sans enfant. La femme, Bonaria, est mystérieuse. Couturière le jour mais aussi active la nuit et connaissant beaucoup de secrets. À Maria de vivre, de choisir... Va-t-elle accepter l’héritage encombrant de cette Bonaria, accepter les us et coutumes de son village, ou fuir au loin ?
L’histoire se déroule dans un petit village sarde, pauvre et paysan, où l’institutrice, la seule blonde du lieu, vient de Turin, où les malédictions existent, où on ne comprend pas trop l’italien. Le temps est celui de l’après-guerre, les femmes quittent peu à peu leurs longs jupons pour des tailleurs ou des jeans. C’est aussi cette peinture de l’Italie qui est vivante. C’est ici un monde plein de vie, de sensualité, où la mort fait partie du quotidien (est-ce que les femmes se rappellent pour quel deuil elles sont en noir ?), où la vie est un peu brusque, où les gestes magiques sont répétés, parce que cela se fait.

 Vierge à l'Enfant, d'après un modèle de
 Desiderio da Settignano, XVe siècle, Musée des Beaux arts de Lyon,
image M&M
Je vais tâcher de ne pas confondre les deux romancières sardes à la mode, j’ai nommé Milena Agus et Michela Murgia. Mal de pierre d’Agus ne laissait pas autant le place à la religion, on n'y jetait pas de malédiction aux murs de pierres sèches. Le ton était plus doux et d’une intimité délicate. Je dois enfin avouer honteusement que j’ai eu du mal avec les noms sardes, les mélangeant et ne me rappelant que difficilement des personnages. Toutes mes excuses à la Sardaigne !

Le jeune homme saisit un amaretto qu’il frotta légèrement sur le plateau. À ce geste, Maria recula d’un pas, comme s’il l’avait touchée. Mais Antonio Luigi Cau ne le remarqua pas : il mangeait, les lèvres pincées, prêtant déjà attention aux autres conversations.

3 commentaires:

Anis a dit…

Je l'ai acheté mais je ne l'ai pas encore lu. Ton article va le faire remonter sur la pile.

Asphodèle a dit…

Une lecture qui m'avait agréablement surprise et dont je garde une souvenir vivace ! Tu en parles très bien♥

nathalie a dit…

Anis : j'avais l'impression que tout le monde l'avait lu...
Merci Asphodèle !