George Sand, Mauprat, 1837.
Voici un livre qui répond en tous
points à l’adjectif « romanesque » !
Le narrateur est Bernard Mauprat
qui raconte sa vie et celle de sa famille. Le récit se situe dans les dernières
années de l’Ancien Régime, où se côtoient les vieux préjugés et les idées
nouvelles. La famille Mauprat est noble, connue pour sa cruauté et ses
habitudes de brigands, vivant en dehors des lois et Bernard en est le dernier
rejeton. Le début du roman donne ainsi lieu à une description d’un château
perdu dans la nature sauvage, habité par des brutes, ce qui est plein de
pittoresque gothique. Mais à la suite de péripéties, Bernard se voit sorti de là et
admis au sein de la famille de ses proches cousins, gens vraiment nobles, tant
d’idées que d’éducation. Il tombe surtout éperdument amoureux de sa belle
cousine Edmée. Il veut au début se l’approprier, mais finalement comprend qu’il
lui faudra se domestiquer et s’éduquer un peu avant de pouvoir la mériter. Nous
sommes alors partis pour un roman d’éducation rendant un vibrant hommage à
Rousseau et reflétant les préoccupations de Sand en la matière. Mais il y aura
encore des bouleversements de situation avant la fin.
Narcisse Diaz de la Pena, Sous-bois de chênes,
château de Compiègne, image RMN.
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Si j’ai été agacée par les hauts
sentiments des personnages et leur manie de faire des phrases, je suis tout à
fait séduite par l’ensemble du roman. Le rythme est très bien mené, avec des
alternances habiles dans les actions. Sand a le sens des rebondissements. J’ai
également aimé cette plongée dans un XVIIIe siècle plein de
contrastes : les paysans asservis, le château enfoui, les nobles accrochés à
leurs privilèges malgré leurs prétentions philosophiques, le rôle de l'Église dans le maintien de l'ignorance. À quoi se mêle la
sensibilité romantique (les ruines effrayantes et les grandes passions) et une
pensée politique issue de la Révolution : idéal d’égalité, vertus de
l’instruction, le modèle américain. C’est un peu la quintessence de Sand que
l’on trouve là. Ajoutons l’importance de la nature, de la végétation, des
forêts profondes du Berry et il ne manque rien.
Nous étions deux caractères
d’exception, il nous fallait des amours héroïques ; les choses ordinaires
nous eussent rendus méchants l’un et l’autre.
Les avis de Claudia Lucia, de George, de Miss Bouquinaix, de Somaja. Un billet de Claudia Lucia rapprochant ce roman des Hauts de Hurle-vent.
Bon pour le challenge George Sand de George.
J'aime beaucoup Edmée, un personnage féminin fascinant qui éduque son prétendant pour pouvoir l'épouser, je trouve cela assez génial !
RépondreSupprimerMerci pour ta participation au Challenge !
Oui Mauprat est un roman original; c'est vrai que Sand y poursuit toujours une mission éducatrice mais elle sait le faire en donnant vie à ses personnages! Merci pour le lien.
RépondreSupprimerGeorge : j'avoue avoir été sceptique sur ce "coup de foudre" et les exigences d'Edmé sont un peu longuettes à mon goût. Mais l'idée en effet est tout à fait réjouissantes.
RépondreSupprimerClaudia : oui ce n'est pas didactique, cela reste très vivant.