La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 30 janvier 2014

Vous menez vos enquêtes comme si écriviez des romans épiques.


Hélène Clerc-Murgier, Abbesses, Éditions Jacqueline Chambon et Actes Sud, 2013.

Ceci est un roman policier prenant place dans le Paris du début du XVIIe siècle.
Le héros en est Jacques Chevassut, lieutenant criminel au Châtelet. Il est confronté à une série de cadavres d’hommes, dont les corps portent une sorte de signe de croix. Bientôt son ami et premier conseiller Pierre Boivin disparaît. L’enquête du lieutenant l’emmène à l’abbaye de Montmartre, dans les cercles alchimistes.
Alors ?
Je commence par les points faibles. Tout d’abord, ayant grandi à l’école d’Agatha Christie, j’aime les romans policiers planplans et classiques. Les trucs alchimistes où les symboles s’emboîtent les uns dans les autres sans queue ni tête, ce n’est pas ma tasse de thé. Mais c’est un goût personnel, que tout le monde n’a pas.
Ce roman possède par ailleurs les deux défauts classiques des romans historiques : la pédagogie et le name dropping (le placement de noms propres ?). La pédagogie : tout est bien expliqué, c’est instructif, mais peu littéraire. Le placement de noms propres (travers très présent dans la série Nicolas Le Floch de Jean-François Parot) : l’auteur tient à montrer qu’elle est hyper documentée. En l’occurrence, aucun nom de rue ne nous épargné.

J. Voet, Portrait de jeune homme, XVIIe siècle,
Saint-Pétersbourg, Ermitage, image M&M.


Et les qualités ? Il faut reconnaître que la reconstitution historique est impressionnante, même si pas toujours subtile. J’ai particulièrement apprécié l’atmosphère des rues, les métiers, les cris, les odeurs, les jardins. Tout ceux qui veulent découvrir le Paris du XVIIe seront ravis je pense. Quant à l’intrigue, même si j’ai relevé quelques incohérences, elle est plutôt bien menée dans l’ensemble et la lecture s’avère tout à fait prenante.
Ce roman était donc une agréable distraction. J’encourage l’auteur à persévérer, ses prochains romans seront sans doute plus libérés à l’égard de leur documentation.

Petite mention : la langue contient des expressions archaïques, pour faire couleur locale, et cela passe plutôt très bien.

Il fut immédiatement frappé par l’odeur particulière de boue qui se dégageait dans la ville, âpre senteur, tenace, écoeurante et qui causait, mêlée aux immondices et au fumier accumulé, de grandes vapeurs puantes capables d’infecter tout un quartier. Un carrosse passa à vive allure, le cocher hurlant et faisant claquer son fouet dans un vacarme assourdissant.


2 commentaires:

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).