La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 11 mars 2014

On a tué le dernier crotale dans El Paso il y a deux ans, dans un terrain vague.


Glendon Swarthout, Le Tireur, traduit de l’américain par Laura Derajinski, publication originale en 1975, édité en France chez Gallmeister.

Le dernier western ! C’est ainsi que l’on pourrait résumer ce livre. Encore que…

Le personnage principal, John Bernard Books, est un des derniers et des plus terribles tueurs de l’Ouest, qui a connu tous les mythes de la conquête. Mais il a un cancer et se rend à El Paso pour consulter un médecin et y mourir. Le livre raconte ses derniers jours.
Installé dans une pension de famille, chez madame Rogers, il apprend que la ville possède désormais un tramway, le téléphone. L’Ouest, c’est fini. C’est le début de la civilisation.
Va-t-il pouvoir pour autant agoniser tranquillement ? Rien n’est moins sûr. Le fils de la logeuse l’adule comme un héros et un modèle, toutes les gâchettes de la ville veulent avoir la gloire de le descendre, les autres veulent rentabiliser la venue de cette célébrité.

 -       Vous pouvez téléphoner au docteur. Nous avons le téléphone.
-       Je ne sais pas comment faire. Et je ne suis pas d’humeur à apprendre aujourd’hui. Faites-le.
-       Vous semblez habitué à donner des ordres.
-       Non, madame. Habitué à n’en faire qu’à ma tête.
-       Je vois.

L’écriture est essentiellement sèche car Books a la parole brutale. Mais il plonge dans ses souvenirs en rêvant à sa jeunesse, aux cheveux, aux fusillades, aux bons moments de sa vie. La narration est pleine d’inattendus, notamment parce que l’on ignore ce que le personnage a en tête. Veut-il faire le bien ? Joue-t-il un dernier tour à sa façon ?

W. Wenders, "Stop & Shop", El Paso, Texas
1983, Centre Georges Pompidou, image RMN.

C’est donc à la fois un portrait d’une période de bascule historique, un hommage aux récits de western et un portrait d’êtres humains. Au passage, la douleur de la maladie et la décrépitude avant la mort sont très bien décrites.

Si je compte partir avec mes bottes aux pieds et non pas dans un lit puant, ça se passera après-demain. (…) Passons donc à l’étape suivante. Un cadavre propre.

Vous l’avez compris, j’ai beaucoup aimé cette lecture.

L'avis d'Efelle et de Jérôme. Challenge "il était une fois dans l’Ouest".


2 commentaires:

Lelf a dit…

Tu vas rire... je crois que j'avais pas réalisé que c'était le même auteur "Le Tireur" et "Homesman". Je les ai mis tous les deux dans la wish séparément ^^'
Le positif, c'est que je ne peux pas t'accuser de me tenter sur Le Tireur alors que j'avais Homesman dans la wish, vu qu'il y était déjà aussi :D

nathalie a dit…

J'ai lu le Tireur bien avant, parce que j'ai un faible pour les westerns. C'est en rangeant Homesman dans la bibliothèque que je me suis rendu compte qu'il avait un voisin.