Henryk Sienkiewicz, Quo Vadis, roman des temps néroniens,
traduit du polonais par B. Kozakiewicz et J.-L. de Janasz, parution originale
1895.
Quel superbe roman ! La base
de Quo Vadis réside dans quelques
mythes, dont Néron faisant brûler Rome et les chrétiens priant dans les
cimetières. Mais que cela fait de belles histoires ! Vinicius, jeune riche
romain, tombe désespérément amoureux de la belle Lygie, princesse barbare et
chrétienne. Mais nous sommes sous le règne de Néron qui se lasse des orgies,
qui n’a de plaisir que dans la poésie et le théâtre et qui aimerait marquer son
siècle par une cruauté superbe…
Je ne résumerai pas un roman de
presque 600 pages, roman populaire qui contient presque tout : l’amour
passion, des méchants hyperpuissants, des orgies, de la poésie, des morceaux de
bravoure : un banquet impérial, la description de Rome en train de brûler,
les jeux du cirque avec des lions dévorant des chrétiens et plusieurs stars
mondiales : Néron, Poppée, Pétrone, Pierre et Paul.
Les regards de ces hommes se croisèrent. En cette minute obscure étaient face à face les deux maîtres de l’univers, l’un qui allait s’effacer comme un rêve sanglant, l’autre, ce vieillard vêtu de laine rude, qui prendrait possession du monde entier et de cette ville, pour les siècles des siècles.
Mais il n’y a pas que le fracas
du décor, le roman est particulièrement bien construit, en alternant les
épisodes violents et ceux plus calmes, en laissant leur place aux
conversations, en annonçant un motif longtemps à l’avance par un jeu
d’allusions.
J’ai beaucoup aimé. L’intrigue
rebondit sans cesse et les personnages sont nombreux. L’auteur n’hésite pas et
se lance dans les évocations grandioses sans trembler. Le gros point faible est
à chercher du côté des chrétiens qui sont tous beaux, bons, gentils, le
triomphe de l’amour et de la bonté, gnagnagna, ce n’est pas très intéressant
(alors que quelqu’un comme Paul aurait pu être… plus tranchant). Les païens ont
de la couleur et de l’épaisseur : Néron est passionnant, on guette ses
mouvements d’humeur et le lecteur peut avoir un vrai doute sur la beauté ou non
de ses vers. Pétrone est formidable de nonchalance, courageux et audacieux,
mais sans envie de s’embêter avec ce nouveau dieu. Vinicius reste intéressant
tant qu’il oscille entre des sentiments contradictoires quand il découvre sa
nouvelle secte et qu’il s’interroge.
En dépit des approximations
historiques, je trouve que l’effarement des romains découvrant le christianisme
est plutôt bien rendu : une secte orientale au sujet de laquelle circulent
des rumeurs effarantes, la vision d’une religion sans aucun rapport avec celle
qu’ils connaissaient, le rapport ambigu entre la nouvelle religion et l’empire.
Dans l’édition du Livre de Poche,
je vous recommande la préface de Montherlant, belle et cruelle à la fois.
« Amis, convenez que périt
avec nous… »
Il ne put finir, et sa tête retomba.
Mais les convives, devant ces
deux formes blanches, pareilles à deux merveilleuses statues, sentirent que
périssait l’ultime apanage du monde romain, – sa beauté et sa poésie.
P. S. 1 Vu à Rome une boîte
d’allumettes de la marque Néron « pour voir brûler Rome ».
P. S. 2 La bucolique Via Appia est une route emplie par les
voitures, à éviter absolument !
Lecture LCA qui accompagnait Les Mémoires d'Hadrien (billet de Virginy, de miss G, le mien). L'avis de Miss G et de Virginy.
Destination PAL - le point sur LA LISTE
J'avais dans mon pc, un reportage de la BBC sur l'art romain que j'avais oublié de regarder avant de partir. J'aurais dû, on y voyait très bien le charmant troupeau ;)
RépondreSupprimerLe troupeau doit être payé par l'office de tourisme de la Via Appia...
SupprimerVoici ce que j'ai pensé de cette lecture: http://deslivresdesfilsetunpeudefarine.wordpress.com/2014/07/26/quo-vadis-henryk-sienkiewicz/
RépondreSupprimerMerci pour la découverte!
Lu l année dernière pour un séjour à Rome avec beaucoup de bonheur
RépondreSupprimerOui c'est un grand roman ! Bien mieux que le film.
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