La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 14 octobre 2014

Ce dont elles ont vraiment besoin, les femmes, c’est d’avoir leur propre bateau, leur propre rivière.

Melinda Moustakis, Alaska, traduit de l’américain par Laura Derajinski, parution originale en 2011.

Vous connaissez mon goût pour la nature brute et sauvage (Mes années grizzly, Pas facile de voler les chevaux). Voilà pourquoi je me suis tournée vers ce livre, composé de plusieurs récits formant une sorte de portrait de famille. Les narrateurs changent, on passe d’une génération à l’autre et on s’y perd un peu, mais ce qui importe, c’est de passer des heures avec les femmes d’une famille vivant en Alaska. L’activité principale est la pêche au saumon, on vide les poissons, on construit des cabanes au fond des bois, on boit (beaucoup). Les accidents (notamment de pêche) sont nombreux.

Ils ont tous des histoires pleines d’accidents amusants, de glissades, de tu-te-souviens-quand et ils en rient, mais leurs mais révèlent une vérité bien plus sombre.

Le livre met en lumière surtout les femmes de la famille, aux longs cheveux bruns, fortes comme des hommes, accouchant seules, menant leur monde – l’une d’elles est surnommée Polar Bear. Tous les récits ne sont pas gais et plusieurs m’ont pris très mal à l’aise par leur dureté, voire leur cruauté. Et pourtant tout le monde est dans la vie pleine et entière.
Drapeau de l'Alaska. Wiki image.
 Les personnages sont hauts en couleur, peut-être un peu exagérés. Mais il ne s’agit pas de pittoresque ou d’anecdotique, les récits sont des morceaux de vie crus et violents, sans douceur pour voiler les contours, mais au contraire saillants.

Sur une photo, elles posent toutes les trois, leurs cheveux tressés à la base de la nuque, à côté d’un flétan de soixante kilos pendu à un crochet, son large ventre blanc aussi large qu’une nappe. Des cadavres de black-bass et de morues lingues sont alignés devant leurs bottes de pêche. Ma mère, ma grand-mère et mon arrière-grand-mère arborent un large sourire, elles sourient avec tout leur corps, mais, pour moi, leurs os révèlent une vérité bien plus criante. Ils disent : Nous sommes plus fortes que toi.

Merci Babelio et Gallmeister pour cette lecture. Les avis de Lili Galipette et de Charlotte

3 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Wahoo, bel avis !! J'y retrouve toute l'âpreté du roman !

nathalie a dit…

Oh ben merci ! C'est un livre qui n'est pas évident à appréhender.

Lili Galipette a dit…

En effet ! Il nous glisse entre les doigts, un peu comme une truite arc-en-ciel ! :)