La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 29 octobre 2014

Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain.

Joachim du Bellay, Les Regrets XII, 1558.

Maintenant je pardonne à la douce fureur,
Qui m’a fait consumer le meilleur de mon âge,
Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage,
Que le vain passe-temps d’une si longue erreur.

Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,
Puisque seul il endort le souci qui m’outrage,
Et puisque seul il faut qu’au milieu de l’orage,
Ainsi qu’auparavant je ne tremble de peur.

Si les vers ont été l’abus de ma jeunesse,
Les vers seront aussi l’appui de ma vieillesse,
S’ils furent ma folie, ils seront ma raison.

S’ils furent ma blessure, ils seront mon Achille,
S’ils furent mon venin, le scorpion utile,
Que sera de mon mal la seule guérison.
Pilon, relief provenant de la Rotonde des Valois, chapelle funéraire Henri II à Saint-Denis,
XVIe siècle, Musée du Louvre
Je m'absente, je vous laisse en poésie avec des extraits de l'Anthologie de la poésie française du XVIe siècle, Gallimard, 2005.  

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