Joachim du Bellay, Les Regrets XII, 1558.
Maintenant je pardonne à la douce
fureur,
Qui m’a fait consumer le meilleur
de mon âge,
Sans tirer autre fruit de mon
ingrat ouvrage,
Que le vain passe-temps d’une si
longue erreur.
Maintenant je pardonne à ce
plaisant labeur,
Puisque seul il endort le souci
qui m’outrage,
Et puisque seul il faut qu’au
milieu de l’orage,
Ainsi qu’auparavant je ne tremble
de peur.
Si les vers ont été l’abus de ma
jeunesse,
Les vers seront aussi l’appui de
ma vieillesse,
S’ils furent ma folie, ils seront
ma raison.
S’ils furent ma blessure, ils
seront mon Achille,
S’ils furent mon venin, le
scorpion utile,
Que sera de mon mal la seule guérison.
Que sera de mon mal la seule guérison.
Pilon, relief provenant de la Rotonde des Valois, chapelle funéraire Henri II à Saint-Denis, XVIe siècle, Musée du Louvre |
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