La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 10 novembre 2014

Il s’aperçut bientôt qu’il considérait son aîné comme un oiseau migrateur épuisé.

Yôko Ogawa, Petits oiseaux, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, publication originale en 2012, publié en France chez Actes Sud.

Il y a plusieurs années j’ai lu une série de romans de Yôgo Ogawa, j’avais apprécié alors cet art si subtil du récit. Ses romans et nouvelles découverts à cette époque contenaient une note de fantastique très tenue qui maintenait le lecteur dans une atmosphère de malaise. C’est donc avec curiosité que j’ai débuté ces Petits oiseaux. Et je suis ravie.
Le roman raconte la vie du monsieur aux petits oiseaux, d’abord aux côtés de son frère, puis seul pour de longues années. Une vie sous le signe des oiseaux. Ceux de l’emballage des sucettes, ceux de la volière, ceux du jardin, ceux avec lesquels parle le frère aîné du héros. Ce frère parle une langue que personne ne comprend, excepté le cadet, une langue baptisée le pawpaw, dont le lecteur ne saura rien. Mais il s’agit d’une langue basée sur le silence, sur une certaine manière d’écouter et sur l’immobilisme. Dans ce roman, il s’agit de se faire remarquer le moins possible pour laisser aux oiseaux toute la place pour leur chant d’amour.

Seul, avec pour modèle le gazouillis des oiseaux, en faisant résonner les sons à ses oreilles, il avait glissé un par un dans sa poche les petits oiseaux de mots éparpillés sur son îlot. Il avait ramassé les cristaux de mots qui s’étaient échappés du gazouillis des oiseaux.
Gabian et son poussin (les petits oiseaux du Frioul). M&M

Deux êtres se trouvent bien dans le silence et l’habitude, alors que le monde autour d’eux préfère le bruit et l’agitation.
Ce roman a un ton doux et délicat, discret et attentif. Les mots semblent choisis avec soin, posés fermement mais lentement. Ils campent un univers où le lecteur tend l’oreille, s’interroge à propos de cette langue mystérieuse et à propos des chants d’oiseaux décrits avec précision. Le mystère est subtil et tout près.

Malgré le vent glacé et la neige qui tombait tant et plus, aucun n’avait l’air morose. Chacun chantait de plus belle avec la gorge qui lui avait été attribuée, et de ses petites ailes qui ne remplissaient même pas la paume de la main, s’envolait vers le haut du ciel.


Des femmes écrivains. Lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire de Priceminister : je dois  décerner une note, ce sera 4/5.

12 commentaires:

  1. Ce roman sera ma prochaine lecture, vite, avant que la bibliothèque ne me le réclame et je suis contente de lire des avis positifs. J'ai aimé l'atmosphère et l'écriture de presque tous les Ogawa que j'ai lus.

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    1. Moi aussi ! Cela faisait vraiment plaisir de s'y remettre après ces années de pause.

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  2. De cette auteure je n'ai lu que le petit roman Les abeilles, qui m'avait beaucoup plu.

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  3. Ah le poussin gabian, mémorable souvenir d'un pique-nique mémorable au Frioul ! et bravo à la photographe (parce que si maman gabian s'était aperçue qu'on photographiait sa progéniture, elle n'aurait pas aimé !)

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    1. Je vois que les illustrations sont importantes dans les billets.

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  4. Après un tel avis, je ne peux que me mettre en quête d'un roman de cette auteure !

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    1. Toi aussi tu craques pour le poussin gabian ? Mais je pense que ce roman te plairait en effet.

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  5. Je reviendrais volontiers à cette romancière, son univers est très singulier et poétique - encore un titre de noté.

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  6. Il y a quelques livres que j'ai moins appréciés de Yoko Ogawa, sinon c'est un auteur que j'aime beaucoup. Celui-ci a l'air bien.

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    1. Oui c'est un auteur qu'on a découvert grâce à Actes Sud qui a dû traduire plusieurs livres et après on s'est lassé. J'y retournais avec prudence, mais finalement je suis ravie.

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