Romain Gary, La Promesse de l’aube, 1960.
Relecture d’un livre qui m’avait
laissé de bons souvenirs. Quel plaisir de se replonger dans cette
histoire !
Récit autobiographique, La Promesse de l’aube raconte la mère de
Gary, mère qui lui a promis (pas espéré, promis) qu’un jour il serait ambassadeur
de France, grand artiste, immense écrivain, que les femmes et le monde seraient
à ses pieds et qui a tout fait en vue de cet objectif : venir de la Russie
en France, travailler et surtout porter ce fils unique chéri, jusqu’à ce que la
réalité prenne la forme de cette promesse. Gary rend hommage à sa mère, qui l’a
fait, et raconte ses propres efforts pour être à la hauteur des espoirs placés
en lui – ce n’est pas toujours facile d’être Victor Hugo et d'être considéré dès son enfance comme le titan de la littérature française.
Cette relecture m’a beaucoup plu,
par son énergie et son optimisme d’abord, par son humour ensuite, car le
narrateur n’est pas dupe. Grand roman picaresque aussi, La Promesse de l’aube raconte l’immigration depuis la Pologne, les
débuts en France, la guerre, les efforts de Gary pour rejoindre l’Angleterre et
se battre comme aviateur. C’est aussi l’évocation d’une époque : le roman
est plein de morts, de juifs tués dans les camps de concentration et
d’aviateurs abattus par l’ennemi. C’est enfin un hymne à la France, pays des
grands écrivains et du bifteck placé chaque midi par la mère devant son fils.
Dans toute mon existence, je n’ai
entendu que deux êtres parler de la France avec le même accent : ma mère
et le général de Gaulle. Ils étaient fort dissemblables, physiquement et
autrement. Mais lorsque j’entendis l’appel du 18 juin, ce fut autant à la voix
de la vieille dame qui vendait des chapeaux au 16 de la rue de la
Grande-Pohulanka à Wilno, qu’à celle du Général que je répondis sans hésiter.
Dès l’âge de huit ans, surtout
lorsque les choses allaient mal – et elles allèrent mal, très rapidement – ma
mère venait s’asseoir en face de moi, le visage fatigué, les yeux traqués, me
regardait longuement, avec une admiration et une fierté sans limites, puis se
levait, prenait ma tête entre ses mains, comme pour mieux voir chaque détail de
mon visage, et me disait :
- Tu
seras ambassadeur de France, c’est ta mère qui te le dit.
J'ai beaucoup aimé le livre, bien aimé la nana! et finalement ils vont bien ensemble!
RépondreSupprimerOui quand j'ai vu dans l'ordi les photos de mères et de nanas de Niki de Saint-Phalle je me suis dit que ça collait !
SupprimerJ'ai tout de même été agacé par moments par le manque d'humilité du texte. Trop de trop;..
RépondreSupprimerC'est quelque chose qui m'agace en temps normal, mais là dans le contexte (l'hommage ironique à une mère) je n'ai pas eu cette sensation.
SupprimerJe ne savais pas qu'il y avait un challenge Romain Gary. Je vais aller regarder cela pour piocher des idées de lecture. Car j'ai envie de continuer avec Romain Gary.
RépondreSupprimerLe challenge n'est pas très actif, mais il existe et illimité, donc...
SupprimerUne mère qui ne laisse pas indifférente.
RépondreSupprimerAh ça, ce n'est pas évident d'être à la hauteur !
SupprimerUn classique que je n'ai pas encore lu mais que je lirai assurément.
RépondreSupprimerÀ lire, à relire selon les âges.
SupprimerJe l'ai à la maison, mais je me demande s'il est pertinent de commencer à lire Gary avec ce titre autobiographique puisque je ne l'ai jamais lu pour le moment...
RépondreSupprimerSi, si, si ! Ce livre est brillant. Moi je l'avais lu en version abrégée quand j'étais ado et j'avais beaucoup aimé. Donc, lance-toi.
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