La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 1 décembre 2014

Oui, ma mère avait du talent – et je ne m’en suis jamais remis.

Romain Gary, La Promesse de l’aube, 1960.

Relecture d’un livre qui m’avait laissé de bons souvenirs. Quel plaisir de se replonger dans cette histoire !
Récit autobiographique, La Promesse de l’aube raconte la mère de Gary, mère qui lui a promis (pas espéré, promis) qu’un jour il serait ambassadeur de France, grand artiste, immense écrivain, que les femmes et le monde seraient à ses pieds et qui a tout fait en vue de cet objectif : venir de la Russie en France, travailler et surtout porter ce fils unique chéri, jusqu’à ce que la réalité prenne la forme de cette promesse. Gary rend hommage à sa mère, qui l’a fait, et raconte ses propres efforts pour être à la hauteur des espoirs placés en lui – ce n’est pas toujours facile d’être Victor Hugo et d'être considéré dès son enfance comme le titan de la littérature française.

Quelque chose de son courage était passé en moi et y est resté pour toujours. Aujourd’hui encore sa volonté et son courage continuent à m’habiter et me rendent la vie bien difficile, me défendant de désespérer.

Cette relecture m’a beaucoup plu, par son énergie et son optimisme d’abord, par son humour ensuite, car le narrateur n’est pas dupe. Grand roman picaresque aussi, La Promesse de l’aube raconte l’immigration depuis la Pologne, les débuts en France, la guerre, les efforts de Gary pour rejoindre l’Angleterre et se battre comme aviateur. C’est aussi l’évocation d’une époque : le roman est plein de morts, de juifs tués dans les camps de concentration et d’aviateurs abattus par l’ennemi. C’est enfin un hymne à la France, pays des grands écrivains et du bifteck placé chaque midi par la mère devant son fils. 
 
Une nana de Niki de Saint-Phalle s'impose. M&M
Dans toute mon existence, je n’ai entendu que deux êtres parler de la France avec le même accent : ma mère et le général de Gaulle. Ils étaient fort dissemblables, physiquement et autrement. Mais lorsque j’entendis l’appel du 18 juin, ce fut autant à la voix de la vieille dame qui vendait des chapeaux au 16 de la rue de la Grande-Pohulanka à Wilno, qu’à celle du Général que je répondis sans hésiter.
Dès l’âge de huit ans, surtout lorsque les choses allaient mal – et elles allèrent mal, très rapidement – ma mère venait s’asseoir en face de moi, le visage fatigué, les yeux traqués, me regardait longuement, avec une admiration et une fierté sans limites, puis se levait, prenait ma tête entre ses mains, comme pour mieux voir chaque détail de mon visage, et me disait :
-       Tu seras ambassadeur de France, c’est ta mère qui te le dit.


Bon pour le challenge Romain Gary de Delphine. Participation au blogoclub. L'avis de Sylire.

12 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé le livre, bien aimé la nana! et finalement ils vont bien ensemble!

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    1. Oui quand j'ai vu dans l'ordi les photos de mères et de nanas de Niki de Saint-Phalle je me suis dit que ça collait !

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  2. J'ai tout de même été agacé par moments par le manque d'humilité du texte. Trop de trop;..

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    1. C'est quelque chose qui m'agace en temps normal, mais là dans le contexte (l'hommage ironique à une mère) je n'ai pas eu cette sensation.

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  3. Je ne savais pas qu'il y avait un challenge Romain Gary. Je vais aller regarder cela pour piocher des idées de lecture. Car j'ai envie de continuer avec Romain Gary.

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    1. Le challenge n'est pas très actif, mais il existe et illimité, donc...

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  4. Une mère qui ne laisse pas indifférente.

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    1. Ah ça, ce n'est pas évident d'être à la hauteur !

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  5. Un classique que je n'ai pas encore lu mais que je lirai assurément.

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  6. Je l'ai à la maison, mais je me demande s'il est pertinent de commencer à lire Gary avec ce titre autobiographique puisque je ne l'ai jamais lu pour le moment...

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    1. Si, si, si ! Ce livre est brillant. Moi je l'avais lu en version abrégée quand j'étais ado et j'avais beaucoup aimé. Donc, lance-toi.

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