Le microbe B.b.Bkshp, Trois mille ans chez les microbes
« traduit du microbique par Mark Twain » et de l’américain par Michel
Waldberg, rédigé en 1905, parution posthume, édité en France à La Différence.
Dans ce court texte resté
inachevé, c’est un Américain transformé en microbe installé dans le corps d’un
vagabond qui parle. C’est un peu comme les Perses de Montesquieu : un
point de vue exotique permet de faire la leçon aux humains. Nous partons à la
découverte des castes des microbes, de leur religion, de leur calendrier,
monnaie et préjugés (car ils en ont). Si le ton est nettement moins noir que N° 44. Le mystérieux étranger et
ressemble plus à une satire, le propos est assez proche pour remettre en cause
les certitudes bien établies.
Revenons à ce terme de Sooflasky. Traduit tout de go, cela veut dire ce que le mot Homme – créature essentielle dans l’économie de la Création – veut dire dans le monde humain : le Chouchou, l’Élu, le Merveilleux, le Fin du Fin, le Tout, le Seigneur de la Création, le Tambour Major, la Tête de la procession.
Qu’en est-il des différentes
planètes de l’univers ? Les microbes jugent que leur planète – le corps du
vagabond – est la seule de la Création et qu’ils sont au centre de tout. De
même, les microbes sont colonisés par d’autres microbes encore plus petits –
pour lesquels ils n’ont que mépris. Le travail est une valeur au centre des
discours des plus nobles microbes qui n’ont que mépris pour ceux qui gagnent
leur pain. Toute ressemblance avec les États-Unis…
Beaucoup d’humour pour ce récit,
avec de nombreux clins d’œil – le microbe narrateur se baptise lui-même Huck,
tandis que ses nouveaux amis se nomment Louis XIV ou Sir Galaad. En plus des préjugés et des
croyances, Twain s’attaque aux hypocrisies les plus communes et les mieux
répandues. Ainsi le professeur de Morale n’est guère exemplaire.
Culture d'Escherichia coli. Image Wiki. |
Cela n’empêche pas le sérieux de
revenir. Si toute créature est composée de microbes et d’atomes prêts à
coloniser un autre corps, alors où réside le moi, l’individu ? Si nos
atomes d’oxygène et de carbone s’en vont d’un côté et de l’autre, il ne reste
plus grand-chose de nous.
Ainsi s'exprimait l'esprit
pratique, l'esprit réaliste – l'esprit chemin de fer, comme il peut être permis
de l'appeler. Il est doué de grandes capacités, mais d'aucune imagination.
C'est toujours l'hiver en dedans. Non, pas même cela - disons plutôt quelque
chose comme la première semaine de novembre : pas de neige, rien que des
menaces; nuageux, quelques burines, quelques brouillards errants qui passent.
Tu reprendras bien un peu de gel hydroalcoolique ?
RépondreSupprimerD'autant qu'il s'agit d'un bacille du choléra... cela s'impose !
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