Gustave Flaubert, Notes d’un voyage en Provence et en Italie
et son retour par la Suisse, écrites en 1845, publié chez Pimientos.
En 1845, Flaubert accompagne sa
famille pour en voyage vers le Sud. C’est la deuxième fois qu’il s’y rend. Il
prend des notes et envoie quelques lettres – c’est ce que nous lisons.
La lecture de ces notes est
austère et pas toujours intéressante, disons-le. Mais c’est Flaubert, qui
déteste les bourgeois et les voyages en épicier, qui voudrait être seul ou être
avec un ami, qui se moque des détails historico-pittoresques, mais qui les
pourchasse, déjà nostalgique du voyage romantique, déçu avant même de partir,
blasé, mais ne pouvant empêcher les élans de son cœur. Et détaillant les femmes
et les bordels par où il était passé lors de son précédent voyage.
Voyager doit être un travail sérieux ; pris autrement, à moins qu’on ne se saoule toute la journée, c’est une des choses les plus amères et en même temps les plus niaises de la vie.
Contrairement à beaucoup d’hommes
de son temps, Flaubert préfère l’architecture antique et s’il ne peut
s’empêcher de goûter la poésie d’une église gothique, son admiration va au
temple romain. En dépit de ses prétentions, Flaubert est un fort bon touriste.
Il visite les musées, les palais, les églises, va voir les points de vue et
fait le tour des lieux du patrimoine littéraire : Rousseau à Genève, le
château de Mme de Staël, la chambre de Hugo à Besançon, Ferney et Voltaire,
etc. C’est un vrai pèlerin de la littérature, pratiquant le culte des grands
poètes.
Sa fascination pour la mer bleue
de la Méditerranée est remarquable. Plus tard Guy de Maupassant sera lui aussi un
Normand ébloui par la lumière. Flaubert voue un amour véritable pour Gênes et
ses palais innombrables, tandis qu’il trouve Turin ville belle, alignée,
droite, ennuyeuse, stupide. Mais ce goût pour l’Italie et la beauté est
une découverte, ainsi que son admiration sensuelle pour les marbres antiques
qu’il embrasse véritablement.
Palais de Gênes. M&M
L’immobilité de la Méditerranée semble la rendre éternelle et toujours jeune. Si Homère revenait, il reverrait le soleil aussi chaud sur ses golfes aussi doux. L’Océan est plus dans notre nature ; il y a la différence du romantique au classique : plus large, mais moins beau peut-être.
À la fin du voyage, nous
retrouvons Flaubert en misanthrope, heureux dans sa chambre à Rouen. On apprend
aussi qu’à cette époque le bourgeois pouvait aller respirer un air canaille en
visitant le bagne de Toulon.
Partout, jusqu’à Toulon, j’ai été
obsédé, surtout quand j’y repense, par les souvenirs de mon premier
voyage ; la distance qui les sépare s’efface, ils se posent toujours en
parallèle et se mettent au même niveau, si bien que déjà ils me semblent
presque à même éloignement. Au bout d’un certain temps, les ombres et les
lumières se mêlent, tout prend même teinte, comme dans les vieux
tableaux : les jours tristes se colorent des jours gais, les jours heureux
s’alanguissent un peu de la mélancolie des autres. Voilà pourquoi on aime à
revenir sur son passé.
À lire en écho avec son voyage enBretagne.
Je vais étudier prochainement Flaubert alors merci de la découverte (et du voyage) !
RépondreSupprimerJ'ai hâte de lire les notes de Maupassant sur la Méditerranée qui ont l'air plus intéressantes !
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