Honoré de Balzac, Albert Savarus, 1842.
Le début nous dresse une fort
belle évocation du dandy et plus exactement du dandy de province, jeune lion
chassant l’héritière. C’était assez prometteur, mais nous bifurquons très vite sur
le mystère constitué par Albert Savarus – j’avoue que j’ai été déçue par ce
changement de direction, même si le dandy est récupéré de très belle façon dans
les dernières pages.
Un court roman qui offre un
parallèle frappant avec Eugénie Grandet.
Mais au lieu de la Touraine, nous voici à Besançon, ville qui serait le sommet
de l’ennui selon l’auteur. Nous sommes dans la maison de Wateville, ce qui se
fait de mieux en terme d’aristocratie (mais après 1830), auprès de Philomène,
la fille de la maison. Arrive en ville un nouvel avocat bien mystérieux, Albert
Savarus. Et ce qui devait arriver arriva ? Et bien non, pas tellement, car
Savarus cache un secret aux couleurs d’Italie, tandis que Philomène semble
poursuivre la haine et l’amour, le tout sur fond d’élections.
Duez, Splendeur, 1874, Musée Carnavalet |
Le portrait est un peu brutal
pour Besançon, mais le but est sans doute de faire jaillir les lacs italiens
dans toute leur magie et leur capacité d’ensorcèlement. L’amour est ce qui meut
les personnages. Tout comme le Félix du Lys dans la vallée, Savarus se donne la mission d’acquérir un nom et un destin
au nom de l’amour, même si les vertus en jeu sont ici plus brutales. J’avoue
que j’ai eu du mal à comprendre que la députation fasse d’ailleurs l’objet
d’une ambition si rêvée. Il m’a semblé que Stendhal était plus ironique avec
ces grands hommes de province et qu’il traitait la question des élections avec
beaucoup plus de sérieux, comme un véritable enjeu dans Lucien Leuwen, et non comme un prétexte à un roman d’amour. Nous avons
affaire à des personnages froids et calculateurs, en amour comme en politique ;
l’Italie passionnée (et stendhalienne) est décidément bien loin. Le temps passé en leur compagnie
n’est pas si agréable.
De son côté, Philomène avait
décidé dans sa forte tête de frêle jeune fille d’amener monsieur de Savarus
dans le salon et de l’introduire dans la société de l’hôtel de Rupt. Elle
bornait encore ses désirs à voir Albert et à l’entendre. Elle avait transigé
pour ainsi dire, et les transactions ne sont souvent que des trêves.
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