Victor Hugo, Hernani, 1830.
D’Hernani je connaissais l’espagnolade, le gilet rouge de Gautier,
l’escalier – dérobé, le lion – superbe et généreux. Et maintenant… je trouve
que ça a sacrément vieilli.
Doña Sol doit épouser le vieux
duc, Don Ruy Gomez, un homme pétri d’honneur ancestral. Mais elle aime le
bandit Hernani qui l’adore. Mais elle est aussi aimée par Don Carlos, le roi,
futur Charles Quint. Le tout dans un climat d’épée, de protestations d’honneur
et d’amour.
J’avoue avoir eu du mal à prendre
cette pièce au sérieux. Il y a beaucoup d’invraisemblances. Je trouve surtout
que les personnages parlent un peu trop haut ou pour le dire autrement
« en font des tonnes ». Il y a des moments assez ridicules.
J’affirme que le Cid, cet aïeul de nous tous,
Les eût tenus pour vils et fait mettre à genoux,
Et qu’il eût, dégradant leur noblesse usurpée,
Souffleté leur blason du plat de son épée !
Voilà ce que feraient, j’y songe avec ennui,
Les hommes d’autrefois aux hommes d’aujourd’hui.
Daumier, Don Quichotte, 1855, National Gallery, Londres. |
Loin de moi l’envie de refaire
l’histoire littéraire et de rappeler la bataille d’Hernani. Il m’apparaît qu’il
s’agit d’une pièce de jeunes gens enflammés, beaux héros sympathiques, qui
s’affrontent sous l’œil d’un vieil homme garant de l’honnêteté et de la fureur
à l’ancienne – il se réclame du Cid, lui. Ces jeunes gens refusent de devenir
adultes. Ainsi Charles disparaît de la pièce quand il devient empereur et se
comporte enfin en tant que tel. Mais Hernani et Doña Sol resteront à jamais un
amour impuissant. Là encore, le Cid
court comme un modèle à l’arrière-plan de la pièce. Bien sûr, le parallèle
s’impose avec Hugo et ses amis, eux-mêmes des jeunes gens, envoyant valser les
vieilles ganaches de leur temps.
Mais tout de même, Hugo manie la
couleur espagnole (le goût du sang, la puissance de l’empire, les costumes)
avec virtuosité et sans retenue.
Ah ! par pitié pour toi,
fuis ! – Tu me crois peut-être
Un homme comme sont tous les
autres, un être
Intelligent, qui court droit au
but qu’il rêva.
Détrompe-toi. Je suis une force
qui va !
Agent aveugle et sourd de
mystères funèbres !
Une âme de malheur faite avec des
ténèbres !
Où vais-je ? Je ne sais.
Mais je me sens poussé
D’un souffle impétueux, d’un
destin insensé.
Mais oui, bien sûr, tu as raison! je les vois bien tous ces défauts! Et tu mets le doigt où ça fait mal, traîtresse!
RépondreSupprimerMais voilà, j'aime quand même! Ce n'est pas fait par n'importe qui qui a écrit ce drame, c'est le Hugo de 28 ans, tout feu, tout flamme,! La pièce a du panache, elle a des faiblesses, certes, mais c'est le revers de ses qualités.. C'est le Roméo et Juliette français. Et puis, je l'ai vue interprétée par des acteurs qui parvenaient à nous émouvoir. Enfin, il ne faut pas tout prendre au sérieux, Hugo a voulu nous faire rire! Et enfermer un roi dans une armoire comme un mari cocu, ce n'était pas rien, surtout à l'époque!
C'est gentil de ne pas dire que je suis une peau de vache. Je suis ok, la pièce est celle d'un jeune fou qui s'est dit "on va tout renverser", avec défauts et qualités qui vont avec.
Supprimerj'ai bien aimé la farce, la grandiloquence pas du tout réaliste, après tou on va au théâtre pour voir un spectacle, avec Hugo effets garantis!
RépondreSupprimerOn est d'accord sur tout ça en effet !
Supprimer"Oh ! Je voudrais savoir, ange au ciel réservé,
RépondreSupprimerOù vous avez marché, pour baiser le pavé !"
Comment ne pas exploser de rire à ces vers ?...
Et à ceux-là :
DONA SOL. Est-ce pas qu’on souffre horriblement ?
HERNANI. Non !
Il y a des moments sublimes dans Hernani mais il y a aussi des moments complètement ridicules...
Disons qu'il ne ménage pas ses effets, y compris ceux du n'importe quoi.
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