Charlotte Brontë, Jane Eyre, 1847, traduction Mme
Lesbazeilles Souvestre.
Je viens de relire ce classique
pour achever mon périple « Brontë family ».
La narratrice raconte sa vie
d’orpheline, tout d’abord auprès d’une tante qui la déteste, puis dans une
pension où elle va mûrir et enfin dans une riche maison comme institutrice,
auprès de Monsieur Rochester et de la petite Adèle.
Le point fort de ce roman est
bien évidemment la personnalité de la narratrice, jeune femme déterminée,
timide et passionnée à la fois, consciente de sa dignité personnelle. Comme
dans la plupart des romans des sœurs Brontë, la narration est poussée en avant
par l’élan de sa personnalité décidée à avancer, à ne pas s’avilir, à tenir
bon, à s’occuper, à apprendre et à trouver le bonheur auprès d’un égal. J’avoue
que cela fait du bien à lire. Ce type d’héroïne est véritablement rassurant.
Dès que je fus seule, je me mis à repasser dans ma mémoire ce que m’avait dit Mme Fairfax ; je regardai dans mon cœur, j’examinai mes pensées et mes sentiments, et d’une main ferme, je m’efforçai de ramener dans le sentier du bon sens ceux que mon imagination avait laissés s’égarer dans des routes impraticables.
P. B. Brontë, Anne, Emily et Charlotte Brontë, vers 1834, Londres, National Portrait Gallery, M&M |
En revanche, j’ai toujours eu du
mal avec l’histoire d’amour de ce roman, à cause des 20 ans d’écart et de la
façon dont Jane parle de son « maître ». Je dois dire qu’à la
relecture je me suis rendue compte que la jeune fille tenait tête et manœuvrait
à son aise le grand homme, sans rester dans une position soumise. Et Brontë
prend soin de rétablir une égalité symbolique entre eux deux, mais je reste
chiffonnée. Comme la première fois, j’ai aimé le passage où Jane Eyre trouve
refuge auprès de deux sœurs et de leur frère destiné à être missionnaire.
Saint-John me semble un bien beau personnage, même si totalement insupportable,
et j’apprécie que les derniers mots du roman soient pour lui.
Je continue toutefois à préférer Shirley qui compte plus de personnages
et d’intrigues secondaires et qui est plus inattendu. Le tête à tête avec une
héroïne me pèse quelquefois.
Il m’aurait fallu les orages
d’une vie incertaine et pleine de luttes, une expérience rude et amère, pour me
faire aimer le milieu paisible dans lequel je vivais. Je désirais le combat,
comme l’homme fatigué d’être resté trop longtemps assis sur un siège commode,
désire une longue promenade, et mon besoin d’agir était tout aussi naturel que
le sien.
Du coup, j'ai relu L’Affaire Jane Eyre.
Les avis de Claudia Lucia et de Val.
J'ai découvert ce roman à 13 ans et il m'a ouvert bien des mondes. Pas encore lu Shirley.
RépondreSupprimerUn roman où l'héroïne est si positive, c'est toujours un plus pour une lectrice de 13 ans ! En plus, elle sort de rien, c'est facile de s'identifier à elle.
SupprimerJe note "Shirley" alors.
RépondreSupprimerLe point fort de Jane Eyre, c'est le rapport d'intimité que le lecteur entretient avec la narratrice. On n'a pas ça dans Shirley, mais le roman m'a plus emportée.
SupprimerJe l'ai relu il y a peu, c'est le genre de romans qui ne me touchait pas à l'adolescence car les héroïnes étaient un peu trop "surannées" et je n'arrivais pas à m'identifier du tout ! Il y a deux ans, j'ai apprécié ! :)
RépondreSupprimerOui, la 1e fois que je l'ai lu, j'ai eu du mal à comprendre pourquoi ce texte avant de succès, d'autant que l'histoire d'amour me touche peu. Je dois dire que j'ai appris à apprécier les héroïnes des soeurs Brontë dans le souci, ce sont des personnages rassurants sur la vie.
SupprimerJe pense que je le relirai... Il y a eu d'ailleurs beaucoup de bonnes adapations filmiques !
RépondreSupprimerJ'avoue n'en avoir lu aucune.
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