La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 24 mai 2015

Humeur de pintura

Vous ne vous en sortirez pas sans un peu beaucoup de peinture espagnole ! À Madrid, le Musée du Prado est incontournable. J'y suis restée 7 heures 30 (pauses et boutique comprises), ce musée est réellement une merveille. Peinture flamande, italienne - vénitienne notamment - et espagnole. C'est une splendeur. Mais on ne peut pas prendre de photos (sinon, j'y serais certainement restée plus longtemps). Les photos du jour proviennent donc du musée de l'Academia de Bellas artes (aux collections de peinture très intéressantes), du Musée municipal d'histoire de Madrid (gratuit mais horaires à vérifier) et du musée Lázaro Galdiano (du nom d'un collectionneur privé, ça vaut le détour).
Luis de Morales, Pieta, v.1570, Académie
Commençons par la peinture religieuse. Les églises et couvents étaient bien entendus des commanditaires privilégiés pour tous les artistes de la péninsule. Ce tableau de Morales est frappant pour ses traits apparemment schématiques, surtout dans les visages et les mains, un peu raides. Dans ce coloris brun le rouge du sang jaillit de façon très vive (la photo ne le rend pas très bien) et éclatante.
F. de Zurbarán, Agnus Dei, 1639, Académie.
La peinture du siècle d'or espagnol s'admire à Séville, à l'Escorial et à Madrid. Valdes Leal, Alonson Cano, Zurbarán, Velázquez, Greco et tous les autres... Il fallait orner les couvents et les palais royaux,  et Philippe II avait sacrément bon goût et l'or des Amériques à disposition. C'est grâce à lui que les peintures de Jérôme Bosch, de Tintoret, Titien, Véronèse, Rembrandt, etc. sont aussi nombreuses en Espagne.
A. Cano, Jésus Christ sur la croix, 1640,  détail, Académie.
Tous les grands peintres espagnols se confrontent au travers de sujets codés et notamment celui de la Crucifixion. J'aime beaucoup celle de Cano (mais celle de Velázquez est plus connue) pour l'éclat blanc de ce corps sur un fond brun tirant vers le rouge. Cano est un sacré coloriste.


Et Goya ! Un peintre que je connaissais extrêmement mal. Il faut im-pé-ra-ti-ve-ment visiter la chapelle de l'ermitage San Antonio della Florida qui est une merveille de beauté, de grâce et de douceur (en plus c'est gratuit et il n'y a personne). Plusieurs salles du Musée du Prado lui sont consacrées, notamment une qui conserve les célèbres peintures noires de sa maison (Saturne dévorant ses enfants, c'est là). Ce Sabbath des sorcières (1797, musée Galdiano) est un petit tableau qui mélange peinture de la campagne contemporaine et atmosphère fantastique connue par les gravures des Caprichos. Et ce tout petit autoportrait (1785, Académie) est d'une délicatesse charmante, avec ce chapeau à chandelles pour mieux peindre.
Alenza y Nieto, Buveurs assis à une table au café du Levant de Madrid, Musée municipal 
Ce peintre, présent dans plusieurs musées, s'est apparemment fait une spécialité de tableaux rectangulaires représentant des scènes de rues et de cafés de Madrid, d'une façon très moderne, avec des silhouettes dressées en aplat sur des fonds non identifiés. Les figures sont silencieuses et un peu mystérieuses, comme si on apercevait une petite scène de théâtre.
J. G. Arnosa, Le Choeur d'enfants à Séville, 1889, Académie.
Le sous-titre de ce tableau pourrait être "ouuuups !" avec cet enfant de choeur qui laisse tomber sa partition en pleine messe. J'aime ce tableau pour l'extrême précision du rendu du moindre détail (ah les dorures, les brocards, les broderies) qui va avec le détail le plus comique.
Le Musée du Prado conserve quelques peintures troubadours espagnoles tout à fait réussies.
C. E. Martínez,  Puerta del Sol v.1900, musée municipal
La Puerta del Sol sous une pluie battante, avec les fiacres et le tramway, dans un cadrage ultra moderne - on ne voit rien de la place et tout ce qui compte ce sont les reflets de lumières colorées dans l'eau.
Sorolla, Bain à la plage, 1908, Académie.
Il existe un musée Sorolla, mais je ne l'ai pas visité. Le peu de tableaux que j'ai vu donne assez envie. Ce tableau est une belle tranche de vie. Quiconque a emmené un petit enfant à la mer y reconnaîtra quelque chose ! La grande vague, l'écume, le vent qui enfle les vêtements, le corps qui glisse et qu'il faut tenir, tout bouge.




4 commentaires:

Sharon a dit…

Merci pour ce billet, qui ravira tous les amateurs de peinture - et permettra peut-être aux autres de changer d'avis.

nathalie a dit…

Disons que si on n'aime pas la peinture, mon blog doit paraître pénible.

Tania a dit…

La visite du Prado m'a laissé de grands souvenirs, tant, on ne le répétera jamais assez, le fait de se trouver devant une toile connue, un chef-d'oeuvre de la peinture, est une expérience tout à fait différente du regard sur une reproduction. C'est un échange physique et spirituel, et parfois un déclic par rapport à un grand artiste pour lequel on n'avait jamais vraiment "vibré".
J'apprends l'existence d'un musée Sorolla à Madrid, merci, je tâcherai de le voir un jour - son exposition au Petit Palais à Paris (Sargent / Sorolla) était un régal.

nathalie a dit…

Oui, certains tableaux causent un vrai choc, enfin cela a été le cas pour moi.