La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 11 juin 2015

Je suis un rêve qui marche, un rêve sauvage, un invisible.

François Boucq et Jerome Charyn, Little Tulip, texte traduit de l’américain par Jeanne Guyon, 2014.

À mon tour de lire et d’apprécier cette BD qui a déjà reçu beaucoup de louanges bien méritées.
Le narrateur est tatoueur à New York. Alors que des viols et des meurtres se déroulent en ville, il se remémore son enfance dans les goulags de la Kolyma. Il a survécu en étant protégé des criminels qui tenaient les camps parce qu’il est peu à peu devenu leur tatoueur en titre.

L’histoire est belle et violente, avec une touche de fantastique. Les allers et retours dans le temps permettent de respirer et les réflexions sur le dessin apportent l’espoir et la promesse de liberté – au moins dans la tête.
Le dessin est fin, avec des contours minces faits à l’encre. Sur une gamme de gris, les gris de la ville ou du goulag, les corps ont des couleurs chaudes et les visages marqués par la dureté de la vie se révèlent. Les personnages ne sont pas caricaturés, mais les yeux sont souvent exorbités ou brillants, les dents sortis. Ils sont hagards et presque fous de souffrance.
Cette bande dessinée parle du dessin qui sauve, du dessin magique qui transforme les corps et permet aux êtres humains de vivre et de survivre. Les planches où s’entremêlent les corps tatoués troublent la vue et les sens, c’est une réussite graphique.

L'avis de Miss Alfie et de Jérôme.

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