La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 10 septembre 2015

La réalité n’est que de la fantaisie trop bien coiffée.

Goran Petrović, Atlas des reflets célestes, traduit du serbe par Gojko Lukić, publication originale 1993.

Un livre curieux qui se révèle une agréable surprise.

Dans une ville inconnue, une bande de jeunes gens enlèvent le toit de leur maison pour vivre sous le ciel (et il ne pleut pas dans la maison). Le livre raconte leur vie, empreinte de magie et de merveilleux.

Nous n’entendons même pas le silence quand il se pelotonne et soupire d’aise.

J'ai commencé le roman avec une certaine prévention car le texte est accompagné de tout un appareil nous faisant croire à un truc ésotérique (et ça m'agace). Les chapitres courts sont suivis de morceaux de légendes donnant en quelque sorte une profondeur à l'imaginaire qui est développé ici. En réalité, j'ai trouvé que la narration manquait de structure et de fil conducteur, mais j'ai lu ce roman avec beaucoup de plaisir. 
J'ai finalement été charmée par cet univers plein d'une douce magie où la vie quotidienne est pleine de petites fantaisies : les oiseaux brodés sur les tissus fuguent et reviennent prendre leur place, les esprits voyagent comme des truites dans un ruisseau, les souvenirs sont rangés précieusement dans des boîtes et l’hiver on tricote des chandails avec la neige.
 
Bâton magique, Égypte, XXIe-XVIIe siècle av.JC, Genève, fondation Gandur
Conscients que toute ville court le risque de devenir un labyrinthe dans lequel les gens se perdent, ils harmonisèrent leurs nombreuses cités avec des chants. Pendant des années, au long des rues, aux carrefours et sur les places à travers tout le continent, les musiciens semèrent des graines de musique. Les mélodies, en poussant, empêchèrent les innombrables murs des villes de s’enchevêtrer en un fouillis de bâtiments inextricable. Car seule la musique ne se laisse pas réduire en paquets de nœuds, si bien que les chemins plantés de chants ne peuvent finir en pelotes de déroute.


Merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc pour cette lecture.

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