Oren Lavie et Wolf Erlbruch, L’Ours qui n’était pas là, traduit de
l’anglais par Marion Graf et Jean-Pierre Lanarès, parution originale en
allemand et en 2014, édité en Suisse par La joie de lire.
C’est l’histoire d’une gratouille
qui se grattait et plus elle se grattait, plus elle devenait un ours. Ainsi
apparut l’Ours-qui-n’était-pas-là, inquiet de savoir s’il était le plus beau et
le plus gentil des ours. Heureusement, il a déjà de vieux amis, la Vache
complaisante et le Lézard paresseux pour répondre à ses questions.
En voilà un beau livre ! Nous
avons apparemment une histoire classique où l’ours découvre peu à peu qui il
est et fait son apprentissage de la vie, mais par des moyens bien peu
ordinaires, avec un ton jouant sur l’humour, sur sa naïveté pour résoudre ces
grandes questions de la vie. Mais c’est un récit plein de douceur de la vie.
Le texte n’est pas pour les tout
petits, puisqu’il joue sur les mots et l’absurde. C’est aussi un jeu sur la
langue et sur les attendus des contes, dans la lignée lointaine d’Alice au paysdes merveilles. Ce livre est donc destiné aux parents qui lisent avec leurs
enfants (ou l’inverse) et à ceux qui relisent avec plaisir. L’histoire est
pleine de poésie et d’originalité et se relit sans problème.
Quant aux dessins, ils sont
magnifiques ! La Forêt Merveilleuse est rendue par un motif compliqué de
feuillages, qui ressemble à des impressions au tampon se superposant de façon
un peu floue, un peu tremblée. On est dans une forêt magique, propre au conte,
rêvée et délicate. L’ours est une grosse silhouette noire (un grand dadais
même) à l’immense sourire rouge et à l’air naïf, la vache a de longs cils et le
lézard est un snob anglais arrogant. Le papier épais fait de cet album un très
bel objet.
« C’est curieux »,
pensa la gratouille en se grattant de plus belle. Une minute après, une
fourrure commença à recouvrir le gratouillement. Puis la fourrure fabriqua des
bras et des jambes et un nez… Peu après, la gratouille ressembla presque
exactement à… un ours.
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