J. M. Coetzee, L’Été de la vie, traduit de l’anglais
par Catherine Lauga du Plessis, parution originale 2009.
Un drôle de roman qui en apprend
beaucoup sur l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Au début, nous lisons les carnets
d’un écrivain mort – un certain Coetzee. Puis se succède l’entretien que mène
un chercheur avec quatre personnes ayant vaguement connu ce Coetzee. L’idée est
bien évidemment de jouer sur les troubles de l’identité : qui est ce
Coetzee ? L’auteur lui-même ? Un double ? Et que cherche
réellement ce chercheur ? Connaître la vie de Coetzee ou celle de ces
témoins ? Bien sûr, l’individu parvient toujours à s’échapper des
discours.
Ce qui m’a, moi, intéressée dans
ce roman, sans doute parce que c’est le premier livre que je lis de cet auteur,
c’est tout ce qui est dit sur l’Afrique du Sud de la fin de l’apartheid, même
si ce dernier point est loin d’être le sujet principal.
Ainsi, le fameux Coetzee vit dans
une maison misérable avec son père et tient à réaliser lui-même les travaux
nécessaires (terrassement, isolation). Pour tous, il est incongru qu’un blanc
réalise des travaux réservés aux noirs.
Il est dit que l’Afrique du Sud
blanche se vit comme une île. Des gens sont venus d’un petit pays de l’autre
bout du monde pour défricher la terre et s’installer là. Personne d’autre ne
parle leur langue, qui est même considérée comme un dialecte. Les afrikaners
n’ont pas l’impression de vivre en Afrique, un continent qu’ils ne connaissent
pas. Et à présent, tout s’écroule. Les descendants de ces colons se considèrent
eux-mêmes comme étant illégitimes, présents de façon transitoire sur cette
terre. On est à la fin de l’apartheid et tout le monde le sait. Certains
préparent leur exil aux États Unis avant que tout ne s’effondre, tentent
d’accumuler de l’argent tant qu’il en est encore tant. Les exilés sont
d’ailleurs nombreux, tout juste arrivés ou prêts à partir.
Le roman contient de nombreuses
considérations sur les langues. Les vieux blancs parlent l’afrikaans, cette
langue dérivée du néerlandais. Les jeunes, ceux en contact avec le monde des
affaires et ceux qui ont vécu à l’étranger, parlent anglais. On peut se
mépriser ou du moins se juger en fonction de sa capacité à maîtriser l’une ou
l’autre langue. L’afrikaans apparaît comme une langue menacée de disparition, à
la littérature peu reconnue, symbolisant un monde ancien et ranci.
Dans un tel pays, l’individu ne
peut qu’être aliéné, porteur de la violence et des contradictions du pays.
L’Afrique du Sud semble à proprement parler invivable.
Ensemble, ils parlent afrikaans.
L’afrikaans de John est hésitant ; elle pense que son anglais à elle est
probablement meilleur que son afrikaans à lui, bien que, vivant dans
l’arrière-pays, le platteland, elle
ait peu l’occasion de parler anglais. Mais ils ont toujours parlé afrikaans
ensemble, depuis leur enfance ; elle ne va pas l’humilier en lui proposant
de passer à l’anglais.
J’ai essayé de lire Terres de crépuscule mais je n’ai pas
réussi. Trop violent et réaliste, manquant pour mon goût d’une distanciation
littéraire. Un auteur décidément intriguant !
Lire le monde pour l'Afrique du Sud.
Je n'ai jamais rien lu de Coetzee. Mais cette littérature sud-africaine m'a l'air très riche. Merci pour ton billet, qui tombe à point en ce jour de LC consacrée à un autre écrivain d'Afrique du Sud: Karel Schoeman.
RépondreSupprimerJ'avais loupé le redémarrage de ton blog... Je n'ai jamais lu Schoeman mais tous les billets ont l'air très enthousiastes et font bien envie.
SupprimerDisgrâce de ce meme auteur est à lire aussi.
RépondreSupprimerBien je note.
SupprimerJe n'ai pas lu ce titre-là et il me reste bien des romans de Coetzee à lire. Celui-ci me semble tout à fait abordable : merci pour ce conseil.
RépondreSupprimerIl est d'une allure très étrange, mais au final je le trouve vraiment intéressant.
SupprimerJ'ai lu Disgrace et Elisabeth Costello, de bonnes lectures)
RépondreSupprimerÇa ne m'étonne pas de toi, ça !
SupprimerCe que tu en dis ne me donne pas envie.
RépondreSupprimerC'est un livre très spécial, dont le dispositif peut être très rebutant.
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