La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 25 février 2016

Sir Percy avala spasmodiquement quelque chose : peut-être ses pensées.

Romain Gary, Lady L., 1963.

Un roman malicieux (et un hymne à l’amour).

Lady L., grandissime aristocrate anglaise, fête ses 80 ans avec sa famille qui l’afflige par son conformisme de bon aloi. Devant un poète qui est aussi un amoureux platonique, elle se remémore sa jeunesse qui n’a rien de celle d’une aristocrate anglaise. Nous partons à Montmartre, auprès des prostituées et des criminels, mais aussi des anarchistes (on est à la fin du XIXe siècle). Une certaine Annette rencontre Armand Denis, amant merveilleux au service du bien de l’humanité, recherché par toutes les polices…

La lumière du Kent – une lumière mesurée, convenable, qui semblait revenir d’une partie de canotage sur la Tamise avec la gouvernante et les filets à papillons – déclinait avec une lenteur de bon aloi qui donnait à Lady L. la nostalgie de quelque éclair fulgurant ou de quelque noirceur soudaine et brutale. Elle avait horreur de tous ces voiles pudiques jetés sur le sein de la nature dont le climat anglican s’efforçait toujours d’atténuer les transports.

C’est un roman qui est d’abord léger et distrayant, qui vaut pour son écriture avant son suspense. C’est aussi un chant d’amour pour l’amour, surtout dans son côté sensuel. Gary joue avec les stéréotypes romantiques de Venise et de l’Italie, du Bosphore et de l’Orient, avec beaucoup de légèreté. L’aristocratie en prend un coup, mais les anarchistes ne valent guère mieux, tous maladroits et sans crédibilité.
Oeuvre de Valerie Leonard.
À noter que Gary invente les portraits où les animaux familiers prennent la pose des grands hommes.

Le ton est plein de malice et de sourire ; il ne faut pas trop se prendre au sérieux. Wikipedia m’apprend que Gary a écrit ce roman directement en anglais, ce qui explique cette impression inexplicable d'humour so british.

« On voit encore qu’elle a dû être très belle… » Lorsqu’elle percevait ce murmure insidieux, elle avait de la peine à retenir un certain mot bien français qui lui montait aux lèvres, et faisait semblant de ne pas avoir entendu.
  


6 commentaires:

keisha a dit…

Un challenge Gary? Sans aller jusque là, je pourrais revenir vers cet auteur!

nathalie a dit…

Disons que Delphine a lancé il y a plusieurs années un challenge Gary parce qu'elle est totalement fan de cet auteur. C'est un peu tombé en déshérence mais je continue à mettre le lien, symboliquement.

Lili Galipette a dit…

Gary et moi, c'est pas toujours ça.
Mais ce roman-là pourrait me plaire.

nathalie a dit…

C'est un Gary léger, il n'a pas l'ampleur ni l'engagement d'autres romans. Une petite chose caustique, très réussie.

Mélusine a dit…

J'ai lu peu de Romain Gary, j'aimerai bien en découvrir plus. Donc je note.

nathalie a dit…

Ce n'est sans doute pas son meilleur ou son plus représentatif, mais c'est un délice à lire.