La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 14 mars 2016

Ma conscience était pure, mon foie en parfait état de marche, et le soleil éclatant !

Elizabeth von Arnim, Elizabeth et son jardin allemand, traduit de l’anglais par François Dupuigrnet Desroussilles, 1898.

Un petit livre idéal pour se délasser en plein déménagement (du vécu !).

L’auteur se met en scène dans son amour pour son jardin. Anglaise, mariée à un comte allemand, appelé familièrement l’Homme de Colère, Elizabeth raconte ses deux premières années dans une bâtisse de Nassenheide à déployer ses efforts de jardinage. Elle a trois enfants (le bébé d’avril, le bébé de mai et le bébé de juin) et quelques domestiques, mais les devoirs de maîtresse de maison ne l’intéressent guère et elle préfère passer son temps dehors à élaborer des projets de massifs et de plantations, à lire (= à rêvasser) sous les arbres et à distribuer ordres et conseils au jardinier. J’ai eu l’impression d’une grande dame commandant des graines et des plants par chariots entiers et enquiquinant le jardinier pour obtenir ses plates-bandes rêvées (alors qu’on sait bien que les jardiniers n’en font qu’à leur tête), parce que la décence (à la fin du XIXe siècle) ne permet pas à une femme comme il faut de se jeter sur une bêche.
 Moi, ce sont les fleurs de cactus dont je suis fière !

L’amusant est que le texte de l’édition Salvy est précédé d’une présentation par E. M. Forster qui enseigna l’anglais quelques années plus tard aux enfants d’Elizabeth et qui se souvient bien mieux de la nature et des paysages alentours que du jardin à proprement parler.
Je me suis régalée des délicieux noms des roses : Jaune Perse, Safran, Laurette Messimy…

L’Homme de Colère affecte le plus grand mépris pour ces pique-niques, étant parfaitement indifférent à la nature, aux bras de mer gelés, et à la beauté d’une forêt qui ne lui appartient pas. Le moindre des navets, pourvu qu’il pousse sur ses terres, lui paraît infiniment plus beau que le plus haut, le plus rose, le plus droit des pins couronnés de neige qui se dressent dans le soleil levant. Admirez à cette occasion la supériorité manifeste de la femme qui, après avoir admiré la beauté du pin, rentre tranquillement chez elle manger le navet.



2 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit…

Un peu de lecture en plein déménagement.

nathalie a dit…

Une dame qui dit du mal de tout le monde et qui jardine, c'est idéal pour se reposer après les cartons.