La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 27 mai 2016

Il se trouve que Benvenuto Cellini est mon pseudonyme.

Mikhaïl Boulgakov, La Locomotive ivre, recueil de textes satiriques traduits du russe par Renata Lesnik, édités par Ginkgo.

De Boulgakov j’ai lu jusqu’ici (à plusieurs reprises) Le Maître et Marguerite. Ces récits et nouvelles se tiennent dans le monde soviétique, à Moscou et dans ses environs, notamment dans des gares, des années 1920. Ils sont satiriques et volontiers délirants – à moins qu’ils ne décrivent sans exagération un monde totalement absurde.
La question du logement est primordiale, car le partage des appartements et la cohabitation forcée sont des soucis récurrents chez tous les moscovites du temps. Dans une nouvelle, la pénurie de logements contraint des personnages à décider d’habiter un tramway, en achetant à la préposée tous les tickets de la journée (aucune loi ne l’interdit). C’est ainsi que chaque famille élit domicile dans un wagon d’une ligne différente pour son plus grand bonheur.
Comme chez Gogol à une autre époque, l’administration russe en prend pour son grade. Inutile, nombreuse, incompétente, lâche, corrompue et toute puissante, on sent que l’expérience quotidienne de sa fréquentation nourrit un imaginaire vif. Les cadres mettent en place des décisions stupides, vite annulées, se lancent dans des discours sans les comprendre et se heurtent au bon sens des habitants.
On trouve aussi dans ce recueil l’histoire d’un homme parvenant à démasquer une fausse momie égyptienne qui ne connaît pas Karl Marx, des blagues mettant en scène Staline et beaucoup d’alcool.

- Mais, là-bas, M’sieur, en plein sur votre voie, il y a une locomotive totalement ivre…
- Comment ça ?
La silhouette émit un petit rire et précisa :
- Eux, quand ils ont bien bu, pour faire une bonne blague, au lieu d’eau, ils la remplissent de vodka. Après ça, elle ne bouge plus et elle siffle…
Sur le quai, chef de train et voyageurs furent frappés de stupeur.

Moscou. Image Wikipedia.
Une lecture très agréable, qui nous plonge dans l’URSS de la grande époque. On ne sait jamais trop si on doit rire ou pleurer, car on sent que le réel n’est jamais loin de la farce. On sent par ailleurs que l’auteur éprouve un réel attachement pour Moscou dont il décrit l’évolution au fil des années.


Un bémol : je trouve que l’édition n’indique pas assez clairement la provenance des textes. Il est dit que la plupart sont inédits, mais c’est un peu vague pour moi.

4 commentaires:

  1. J'ai récemment vu une série adaptée des nouvelles de cet auteure et j'ai adoré ! Tout à fait le genre de ton qui me plaît.

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    1. Et bien écoute, je ne comptais pas garder le livre (j'ai aimé sans être archi fan), donc je te le mets de côté, il sera pour toi.

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  2. un auteur passionnant mais comme je ne suis pas du tout amateur de nouvelles je ne suis pas certaine d'être séduite

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    1. Pour certains textes, on est entre la nouvelle et l'anecdote de 2-3 pages, il faut en effet aimer le court.

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