Si vous m’avez eue en cours, vous avez entendu parler de la saline royale d’Arc-et-Senans de Claude-Nicolas Ledoux. Dans le cas contraire, une
petite visite s’impose !
La saline a été construite entre 1774 et 1779 et est implantée à une
quarantaine de kilomètres de Besançon. Le sel provenait d’eaux de source naturellement
chargées en sel, progressivement concentrées, pour obtenir le précieux minéral
blanc. L’installation a peu duré, car elle s’est rapidement révélée peu
rentable.
Claude-Nicolas Ledoux a conçu les bâtiments pour l’ensemble du
site : les édifices techniques, les logements pour les ouvriers et pour la
direction.
Ce plan semi-circulaire est une forme parfaite. Au centre, Dieu (dans sa chapelle) et le Roi, représenté par la maison du directeur. De chaque côté, des bâtiments techniques. Sur le pourtour, d'autres bâtiments techniques et les logements des ouvriers. Cet agencement permet aussi de contrôler les allées et venues (puisqu’il n’y a qu’une seule sortie) : le sel est en effet soumis à impôt royal, la gabelle. Les habitations des ouvriers possèdent des potagers attenants, le but étant de pouvoir vivre dans une relative autonomie.
Le pavillon d'entrée qui donne accès à l'ensemble du site. Oui, c'est un ordre dorique (j'espère que vous n'avez pas séché les cours d'architecture grecque) !
D’un point de vue esthétique, il faut noter les fausses sécrétions d’eaux et de sels qui coulent sur les murs et qui évoquent une grotte.
Et cette magnifique réinterprétation d’un temple grec dorique pour le bâtiment du directeur ! Ledoux s’inspire des temples grecs qui viennent alors d’être découverts en Italie du Sud et en Grèce en en reprenant les principaux éléments. Retour à une architecture d’origine, rêve d’une société idéale, idéal des Lumières, mythe de la cité grecque… L’impression est forte. Cette alternance dans les tambours des colonnes produit presque l’impression d’être devant une toile peinte ! Et en dépit de la massivité de la construction, le visiteur n'est pas écrasé par cette architecture, grâce aux parfaite proportions entre les bâtiments et le site.
Ledoux est également l’auteur du théâtre de Besançon, de maisons pour de riches aristocrates et des pavillons du mur de l’octroi à Paris (ce qui ne l’a pas rendu populaire).
Après la Révolution, il s’est livré à une architecture de papier – ce pour quoi il est le plus célèbre. Anticipant sur les différents projets fouriéristes et de communautés du XIXe siècle, il a conçu la ville idéale de Chaux à l’architecture que nous sommes tentés de qualifier de futuriste. Une ville sans prison et sans hôpital, puisque quand les conditions d’existence sont parfaites, le crime et la maladie s’abolissent naturellement. Oui, c'est une utopie architecturale en bonne et due forme.
Photo prise par Miss Alfie. |
Ceci est un projet de cimetière.
Maquette du projet de maison des gardes agricoles.
Les bains publics de Chaux.
Maison des surveillants de la source de la Loue.
La forge des canons.
Merci à Alfie et à Christophe pour m’avoir menée là-bas !
J'ai passé là une journée tout à fait passionnante il y a quelques années
RépondreSupprimerle site est saisissant de grandeur mais ensuite les visites intérieurs donnent un ton différent on se sent au plus près de ces ouvriers qui travaillaient dans des conditions effarantes
un lieu à connaitre que tu m'a remis en tête
En effet, ce devait être assez effroyable. Un endroit étonnant entre cette splendide architecture, ce sel soumis à l'impôt et ces ouvriers dont on ne sait pas grand-chose.
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