Françoise Truffaut, Vaut mieux partir, 2016, aux éditions
Rue du Départ.
Un roman où la langue halète.
Marion reçoit des nouvelles de
son frère Gio, marin alcoolique en quête d’errance, et elle fonce au Havre pour
l’aider à trouver un logement. Elle rencontre les amis de Gio et se lance pour
essayer de sauver ce grand frère, qui menace constamment de sombrer.
Le livre raconte la fuite de Gio
devant la vie et devant le temps et la course de Marion pour rattraper tout le
monde. La langue du roman est très particulière, puisque les paragraphes ne
possèdent pas de ponctuation. Les phrases, très courtes, sont marquées
uniquement par une majuscule, et miment les dialogues, le mouvement des
pensées, les hésitations, les revirements. Cette présentation est
déstabilisante au début de la lecture, mais finalement on s’y fait assez bien.
La lecture s’effectue presque à mi voix, dans une sorte d’urgence et
d’incertitude tout à fait adaptées au récit. La narration repose ainsi
étroitement sur le rythme de la langue qui crée une atmosphère d’angoisse et
d’instabilité.
Bien sûr, le lecteur se doute
bien de ce qui va arriver et reste sans illusion, tout en étant pris par
l’urgence ressentie par Marion – on aimerait toujours que les choses
s’améliorent. Même si les existences sont cabossées, elles demeurent pleines
d’espoir.
Van Gogh, Table de café et absinthe, 1887, Amsterdam VG museum |
Irène m’avait confié qu’il avait
parfois des difficultés à parler je croyais que c’était parce qu’il avait trop
bu Je comprends rien à rien Après toutes ces années de cures à
répétition je sais pourtant combien les premières gorgées apaisent ses
angoisses Je sais combien la réalité se
dérobe quand les battements du cœur sont boostés par l’alcool Je sais que les objets se
mettent à flotter dans l’air que les bateaux volent Je sais combien l’abus d’alcool est la meilleure façon
pour lui de ne plus ressentir aucune blessure oppressante le meilleur remède
pour s’écrouler apaisé je sais je sais Je
n’ai rien vu venir rien j’aurais dû comprendre ça faisait longtemps qu’il
souffrait.
Merci aux éditions Rue du Départ pour la lecture.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).