La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 23 juin 2016

Mon vieux, comment vous êtes-vous arrangé pour vivre aussi longtemps ?

Raymond Chandler, La Dame du lac, traduit de l’américain par Boris et Michèle Vian, parution originale en 1943.

Encore du noir !

Marlowe est recruté par un riche homme d’affaires, dont la femme a disparu et qui craint sérieusement qu’elle n’ait eu des soucis. Notons, une fois n’est pas coutume, que ce client n’est pas désagréable. Le voilà donc parti sur les traces de cette jolie blonde, son amant, son chalet au bord du lac… lac d’où remonte justement le cadavre d’une autre blonde. C’est fou comme les cadavres commencent à apparaître dès que Marlowe enquête.

Nous atteignîmes la longue montée de San Dimas qui mène jusqu’à crête et redescend sur Pomona. C’est la limite des brouillards et le commencement d’une région à moitié désertique où le soleil est sec et léger comme du vieux porto, le matin, aussi chaud qu’un haut-fourneau à midi et s’effondre comme un type en colère au crépuscule.
Alex Colville, Vers l'île-du-Prince-Édouard, 1965, Ottawa musée des Beaux-Arts
Le titre m’évoquait plus une atmosphère de roman gothique que celle du roman noir sous le soleil de Los Angeles, mais nous voici bien plongés dans une intrigue tournant autour de la vie mystérieuse de quelques femmes. Le roman est marqué d’une part par la forte présence d’une police hyper violente et d’autre part par celle d’un certain nombre de femmes qui mènent la danse, même si on ne les voit pas. Crystal, Muriel et même la délicate Adrienne sont les moteurs de l’histoire ! Pas ici de pègre professionnelle, de casinos ou de tueurs, on est dans un monde bien plus familier et quotidien, guère plus rassurant. Une partie du récit se déroule dans les montagnes et au bord d’un lac propice aux loisirs en famille. Le flic du lieu y est formidable sous ses dehors patapouf et cela change agréablement de voir Marlowe quitter un peu le goudron. Quelques allusions rappellent ici et là que les USA viennent d’entrer en guerre, mais ce contexte reste très discret.

- Je n’aime pas vos façons, me répondit Kingsley d’une voix à casser des noix de coco dessus.
- C’est parfait, je ne les vends pas.

J’ouvre traditionnellement mes lectures d’été avec un roman de Chandler, à dévorer en un week-end. Parce que ça me met en train ! Les rebondissements, la chasse au criminel, les plaisirs de l’intrigue, les dialogues savoureux, les descriptions précises, sobres et soignées. Pas un détail n’est laissé au hasard. Une multitude de petits faits et la cruauté de l’existence.
  
Destination PAL - La liste.


Bonjour à Eeguab qui  ne devrait pas tarder à passer par ici en voyant le nom magique de Chandler.



6 commentaires:

  1. Bonjour. Pan dans le mille. Tu vois je n'ai pas tardé à te donner raison. Lire des gens comme Chandler a pour moi été essentiel. C'est le cinéma qui m'a mené vers les hard-boiled writers. Il existe une bonne adaptation de La dame du lac de et avec Robert Montgomery. J'aime tout dans ces livres, climat, action resserrée, et où, avec une vraie liberté, l'on ne se cache pas derrière les mots. Merci.

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    1. Je les lis progressivement, c'est à chaque fois le même plaisir. C'est vrai que les mots sont choisis, ils ne sont pas là pour occuper la page.

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  2. Je ne connais pas cet auteur -hormis de nom, bien sûr-, mais ce que tu en dis me fait très envie... conseilles-tu un titre en particulier pour aborder son oeuvre ?

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    1. J'en ai lu plusieurs (les billets sont tous sur le blog). Le grand sommeil reste un classique.

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  3. Jamais lu cet auteur, mais du coup, ça me tenterait bien !

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