Max Porter, La Douleur porte un costume de plumes, traduit de l’anglais par
Charles Recoursé, parution originale en 2015, édité en France au Seuil.
Un livre original et poétique.
« Papa » et les deux
« garçons », puisqu’ils sont appelés ainsi, viennent de perdre leur
maman qui est morte brusquement. C’est un corbeau qui va les aider à sortir de
leur chagrin et à les remettre sur le fil de la vie.
Dans d’autres versions, je suis docteur ou fantôme.
Parfaits stratagèmes : docteurs, fantômes et corbeaux.
Nous pouvons faire ce que les autres personnages ne peuvent pas, manger la tristesse par exemple, ou renfouir les secrets, ou mener des batailles homériques contre le langage et Dieu. J’étais excuse, ami, deux ex machina, blague, symptôme, fiction, spectre, béquille, jouet, revenant, bâillon, psychanalyste et baby-sitter.
Le corbeau fait irruption
violemment, puant, grimaçant, croassant. Il s’agite, il fait peur, il est
vulgaire (car il s’exprime, au moins dans le roman), il crie, il fait le
guignol, raconte des histoires qui finissent mal et semble se moquer de tout le
monde. Il leur permet d’oublier la mort sans oublier la morte, de trouver un
dérivatif à leur douleur, de parler, de se parler. Il ressoude la petite
famille et les ramène à la vie.
Un roman peu ordinaire, vous
l’avez compris. Très court, écrit dans une prose poétique étonnante. Le
discours du père et des garçons est assez calme, mais celui du corbeau est
digne du théâtre : cris, énumérations, onomatopées, mêlant le sordide au
rire, il provoque et triture les émotions. Il met des mots sur ce qui n’en a
pas, n’hésite à mêler la blague au morbide, et tire lentement tout le monde du
puits de silence. (Mais il est réconfortant de
penser qu’il existe peut-être une brigade de corbeaux chargés de veiller sur
les douleurs des humains.)
Un livre sur le chagrin et la
douleur que je relirai certainement !
A. Colville, Terrier et corbeau, 2001, collection privée. |
Si vous n’avez jamais observé
l’effet de grandes quantités de sucre sur des enfants humains, vous devriez. Ça
les transporte et les rend fous pendant à peu près une heure, c’est à mourir de
rire, et ensuite ils s’écroulent.
Ça les rapproche étrangement des
renardeaux ivres de sang.
Oh, je prends note !!!
RépondreSupprimerAh je pense que ça te plaira.
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