George R. R. Martin, Armageddon Rag, traduit de l’américain par
Jean-Pierre Pugi, parution originale 1983.
(Vous reconnaîtrez aisément le
style de l’amie Marie-Neige à qui j’ai laissé le micro)
Je suis fâchée avec GRRM.
Entre La Geste de la glace et du feu qui n’avance pas, Riverdream qui m’a ennuyée sur des pages
et des pages, ce n’est pas Armageddon Rag
qui va nous réconcilier.
Prolégomènes :
Oui, La Geste de la glace et du feu, pas Le Trône de fer ou Game of
thrones, ça, c’est le titre du premier volume de la série de livres et du
feuilleton télévisuel. On ne dit pas « la communauté de l’anneau »
pour parler du Seigneur des anneaux,
ni du « roi de fer » pour Les Rois
maudits. Sans compter que ça déplace le centre de l’intrigue sur la
capitale, où se trouve ledit trône, alors que La Geste de la glace et du feu colle beaucoup mieux à la taille du
monde et à la multiplicité des intrigues et des personnages. Bref !
Dois-je vous parler de la
popularité de l’œuvre de Tolkien dans le mouvement de la contre culture pendant
les années 60 aux USA ou on part du principe que tout le monde est déjà au
courant ? Parce que c’est important pour saisir les références de cette
œuvre, mais cela alourdirait considérablement un billet déjà trop long.
Non ? OK, cool !
J’ai eu envie de lire Armageddon Rag après avoir vu cette émission
C’est un peu le problème quand on
n’a pas lu un livre et qu’on a utilisé le résumé de l’éditeur.
Oh, oui, il y a des délires et
des cauchemars, mais je suis persuadée qu’ils sont tous induits par la
consommation de drogue et d’alcool des personnages. Voilà. On m’a promis du rock
et des démons, j’ai eu des souvenirs de hippies quadras, de la réflexion sur le
sens de la vie, des visions sous acide, de la politique US et des regrets sur
la révolution ratée des 60’s. Et ce livre a reçu des prix dans la catégorie
fantastique ? Le jury avait fumé de l’herbe aussi ?
Mais est-ce que c’est un bon
livre si ces sujets vous intéressent ?
Franchement, regardez plutôt Né un 4 juillet, vous perdrez moins de
temps !
C’est long, mais long… Ah c’est
du GRR Martin, hein ! Ça se traine d’un bout à l’autre des US dans la
première partie. Road trip en solo d’un ancien journaliste devenu écrivain qui
fait sa crise de la quarantaine. Il a été activiste dans les années 60 et 20
ans plus tard, sous prétexte de retrouver et interviewer les membres d’un
groupe de hard rock dissout depuis 1971, il fait le tour de ses vieux copains.
Vous n’échapperez à rien, celle qui est restée baba et vit toujours en
communauté, celui qui a tout laissé tombé pour travailler dans la pub en
costume, celui qui est devenu prof de fac, mais pas respectable et qui essaye
de continuer à faire passer le message dans la tête des étudiants, mais les
« jeunes-sont-trop-bêtes-nous-on-était-mieux », et l’objecteur de
conscience qui a refusé de partir au Vietnam et qui a été rattrapé par la loi
et sa famille et qui est toujours maltraité par son père. Je vous parle de
l’ancienne copine à la sexualité libre qui est VIEILLE FILLE AVEC DES CHATS ET
SANS BOULOT STABLE ?? GRRM, je te hais si fort…
Mais je me suis accrochée, je me
suis dit que les démons allaient bien arriver dans la deuxième partie, bon
sang ! Tout laissait croire qu’il y avait un méchant sorcier en Californie
(on part de NYC) et qu’on allait y arriver.
Non.
On y croit, mais non, zéro
fantastique, pas de démon. On peut penser qu’il y a une grande méchante
sorcière, sauf qu’elle n’utilise aucun démon et aucune sorcellerie. Beaucoup de
sexe et de drogues ou de poisons.
Histoire de bien tirer sur
l’ambulance, je vous glisse deux mots des personnages féminins. Il n’y en a pas
une qui ne soit pas là pour coucher avec un personnage masculin, sauf la baba
cool, mais elle est enceinte, l’autre rôle sacrée de la fâme, alors tout va bien, dormez en paix ! À la rigueur
l’infirmière (méchante), mais son patient (gentil) dit à plusieurs reprises
qu’il regrette d’être impuissant pour ne pas la violer. Classe ! GRRM, tu
restes mon petit chouchou d’auteur qui réussit à enfumer son monde en faisant
croire qu’il écrit des personnages féminins forts et intéressants, alors que tu
tords juste suffisamment les codes et les clichés pour pas que ça se voit et
bien laisser la dualité maman/putain en place. Bravo ! Vous savez comment
ça crève les yeux dans ce livre ? Tous les personnages hommes ont un
prénom, un nom et parfois un surnom ou un pseudonyme, les femmes n’ont qu’un
prénom, et si un nom de famille, cité une fois.
Et pour ajouter l’outrage à
l’insulte, vous aurez un FUCKING HAPPY END, où tous les anciens se retrouvent
autour d’une coupe de champ’ pour fêter, enfin, un best-seller de notre
auteur-journaliste raté. Où le cynique pubeux viendra jouer de la guitare après
avoir démissionné de son aliénante boîte de com’, où la baba cool aura pris des
vacances de sa communauté et de ses gosses pour venir s’empiffrer de cupcakes
pas bio et où on se promet d’engager des avocats pour libérer le dernier de la
bande de sa famille qui l’a mis sous tutelle.
Vous savez quoi ? Ça doit
être le seul moment « fantasy » du livre, la communauté de l’anneau
de retour à la taverne du dragon vert qui se boit une bière au son du
crincrin !
Ah ouais, le ton change ! Mais on reconnaît bien la personne qui tient les propos ! :)
RépondreSupprimerOn croit l'entendre.
SupprimerRabillé pour l'hiver!!^_^
RépondreSupprimerC'est un peu plus rugueux que ce que l'on peut lire ailleurs !
Supprimermalgré les conseils et incitations d'une de mes filles je reste totalement hermétique à ce type de récit donc je ne cours aucun risque :-)
RépondreSupprimerJ'avoue que je ne m'inquiétais pas trop pour toi en effet !
SupprimerLu l'an dernier, chroniqué, et peu aimé, na!
RépondreSupprimerC'est vrai que le mot "rock" a dû t'attirer toi aussi !
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