Un bon
gros roman sur le mariage !
Au
départ, il y a Mrs Dashwood et ses trois filles, et notamment les deux aînées,
Elinor si raisonnable et Marianne, pleine de passion. Elles emménagent dans un
cottage et commencent apparaître les voisins sympathiques, ainsi que les dames
soucieuses de susciter les mariages et les célibataires prometteurs. Qui
épousera qui ?
Marianne ne se fût pas pardonné si elle avait pu dormir tant soit peu la première nuit après le départ de Willoughby. Elle aurait eu honte de regarder les siens en face, le lendemain matin, si elle ne s’était pas levée plus fatiguée que lorsqu’elle s’était couchée la veille au soir. Mais elle ne courut nullement le danger d’une telle disgrâce. Elle resta éveillée toute la nuit et en employa la plus grande partie à sangloter. (…) C’était l’effet de sa vibrante sensibilité !
École anglaise, Mrs Arbuthnot, vers 1805, Madrid, Musée Lázaro Galliano, M&M |
J’ai
beaucoup aimé ce roman, sans doute en raison de sa grande richesse
psychologique. Les personnages sont nombreux et offrent des portraits
contrastés. Les interactions sont variées entre eux et évoluent avec subtilité.
Les plus désagréables apparaissent finalement assez humains, la plus sotte
devient la plus habile. Certains qui semblent insignifiants ou agaçants se
révèlent généreux ou pleins de finesse, sans que ces évolutions ne soient
invraisemblables. Elles nourrissent au contraire la richesse du roman qui
semble étudier diverses versions de l’amour, du couple et du mariage comme
autant de variations possibles. Si le lecteur suit essentiellement le récit
depuis le point de vue d’Elinor, qui a la capacité d’analyser de façon modérée
les événements, le lecteur peut également se projeter dans le personnage de
Marianne ou s’intéresser aux différents hommes qui croisent le chemin de deux
jeunes femmes.
Cependant, comme il était maintenant impossible d’éviter leur visite, lady Middleton se résigna à cette idée avec toute la philosophie d’une femme bien élevée, se contentant simplement de donner à son époux une amicale réprimande à ce sujet, cinq ou six fois par jour.
L’humour
et l’ironie d’Austen décrivent avec cruauté, et néanmoins affection, l’hypocrisie
de la vie sociale et les fêlures internes des personnages. Cela rend la lecture très agréable. Je dois dire cependant
que j’ai ressenti un certain agacement, car Elinor et Marianne ne côtoient
qu’un tout petit monde, qui me semble bien limité, et que tout tourne autour de
leur possible mariage. Cela se comprend vu les conditions d’existence des
femmes, surtout des jeunes filles qui sont sans cesse soumises à leurs
chaperons pour décider de leur hébergement, de leur correspondance, de leurs
visites, mais le roman ne dit pas un mot de la ville de Londres où elles
résident pourtant pendant une longue période. Cette intrigue ressemble un peu
trop à un huis clos malgré ses immenses qualités.
Raison et sentiments n’a pas la
jeunesse, la vivacité et la naïveté de Northanger Abbey. Je sais que c’est l’auteur qui a grandi, mais cela pourrait être les
héroïnes. Elinor connaît mieux la vie, la société, les désillusions possibles
que Catherine et cette expérience nourrit la profondeur de son personnage. Le roman
contient plusieurs pages sur l’éducation à donner aux hommes, chez qui
l’oisiveté semble source de nombreux maux. Les points communs sont nombreux
avec l’intrigue d’Orgueil et préjugés.
Ah, voilà une saine lecture ! :)
RépondreSupprimerJe l'ai dévoré en deux jours, c'était cool !
Supprimerah tu fais un petit parcours Austen, ayant lu il y a peu Emma cela m'a donné envie de lire ses autres romans dans une bonne traduction
RépondreSupprimerj'y ai pris beaucoup de plaisir
As tu vu le film qui vient de sortir qui est une adaptation de Lady Susan d'Austen, je l'ai bien aimé même s'il a quelques défauts
Oui je me suis lancée dans cette lecture, mais j'espère ne pas tout lire trop vite parce qu'il n'y a pas beaucoup de romans !
SupprimerJ'ai malheureusement loupé le film, j'espère qu'Arte finira par le passer.