Johanna Sinisalo, Jamais avant le coucher du soleil,
traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, parution originale en 2000, édité
en France chez Actes Sud.
Un roman passionnant !
Le narrateur principal, Ange,
trouve un soir en bas de son immeuble un petit animal noir qu’il adopte
immédiatement. Il s’agit d’un troll, un vrai (pas un gentil Moomin). Ange se
plonge dans les ouvrages consacrés aux trolls (notamment pour savoir ce qu’ils
mangent), car l’existence de ces animaux est bien attestée, entre les loups et
les lynx – on n’est pas dans le folklore.
Le roman se construit selon une
alternance de points de vue entre Ange et ses différentes relations. Il y a en
effet tout un jeu de désirs entre les hommes qu’aime Ange et ceux qui l’aiment
et entre une jeune femme, la voisine du dessus. L’arrivée du troll dans la
ville semble exacerber tous ces désirs mal contrôlés alors même que le jeune
homme ne s’intéresse bientôt plus qu’à ce merveilleux petit animal.
Plus perturbant pour le lecteur,
la narration est entrecoupée par des extraits des différents ouvrages que lit
Ange. Certains des titres existent (je les ai dans ma bibliothèque), d’autres…
je ne sais pas. Mais les citations sont-elles vraies ou non ? Comme dans les abeilles, Sinisalo intercale les
différents discours et brouillent les pistes. L’existence du troll n’est jamais
mise en doute, même si l’animal est mal connu, et le roman ne prend donc jamais
le ton de la science-fiction.
T. Kittelsen, Le Troll des forêts, 1906, Wiki-image. |
L’auteur se moque un peu de la
mode actuelle pour le soi-disant sauvage, alors que la réalité des animaux si
proches des villes semble terrifier tout le monde. De même, les écolos
bisounours semblent loin des réalités, n’exprimant qu’une nouvelle
incompréhension pour le monde sauvage. La proximité des carnassiers avec les
êtres humains est soulignée à plusieurs reprises et campe peu à peu un climat
de plus en plus sombre et effrayant.
C’est un roman très prenant, rendant
hommage à la douceur de la fourrure du petit troll, à ses yeux qui brillent
dans la nuit, à ses griffes terribles et à son instinct que rien n’arrête.
Les rares fois où il remue, c’est
un insaisissable vif-argent. Il semble défier la pesanteur, sa force musculaire
est vertigineuse par rapport à sa taille. Il a des gestes d’huile, de soie.
Ses yeux brûlent tels des
incendies de forêt dans la nuit.
Sans doute le roman que j’ai
préféré de cette auteur, mais je vous conseille aussi Oiseau de malheur
et Le Sang des fleurs.
Lu il y a longtemps, mais je me souviens d'un certain sentiment de loufoquerie et d'étrangeté. Un scène de cochon d'Inde également... Un roman a été récemment traduit en français qui semble aussi proche de la SF : je le lirai.
RépondreSupprimerTout le monde n'a en effet pas la même lecture du roman et c'est vrai que certains passages sont très bizarres. Un nouveau roman vient effectivement d'être traduit juste avant l'été.
SupprimerAlors là je suis intriguée, ce livre à l'air vraiment d'être un ovni.
RépondreSupprimerAh oui, c'est très bizarre, on ne sait jamais où ça va atterrir.
Supprimer(mon commentaire a disparu?(un troll?) ou j'ai rêvé. bref, je viens de le lire, ce livre... keisha
RépondreSupprimerJe n'arrive plus à laisser de commentaires avec le compte Google (même sur mon propre blog !) alors...
SupprimerCurieuse de lire ton avis. J'ai vu que certains lecteurs avaient été très mal à l'aise, accusant l'autrice de vanter la pédophilie. Il a suscité des réactions très fortes.
J'ai vu des réactions, oui. Un livre étrange et dérangeant. Je préfère l'explication des phéromones donnée par le copain vétérinaire, agissant sur les hommes qui aiment les hommes.
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