J. G. Ballard, Sauvagerie, traduit de l’anglais par
Robert Louit, parution originale en 1988, édité chez Tristram.
Une petite relecture pour se glacer
la moelle.
Un roman très court, mais
impressionnant. Nous lisons les notes et le rapport du psychiatre Richard
Greville, consulté par la police. Le crime a déjà eu lieu et pas question ici
de suivre un déroulement bien plan-plan. Dans un enclos résidentiel ultra
luxueux près de Londres, un samedi matin, tous les adultes ont été massacrés en
l’espace de 20 minutes et tous les enfants ont disparu. Pangbourne Village est
pourtant un lieu voué à la perfection, à la santé, à la richesse, à
l’épanouissement personnel, à l’humanisme et au partage de la culture. Et ne
vous attendez pas au dévoilement de secrets intimes tous les plus glauques les
uns que les autres. Non, il n’y a aucun secret ici, tout est transparent et
contrôlé par vidéo-surveillance.
Les coquettes villas, posées sur leurs vastes pelouses, sont séparées les unes des autres par des rideaux d’arbustes d’ornement et des murets de pierres sèches. La lumière est sans éclat, mais remarquablement égale, conséquence d’un généreux découpage parcellaire (environ deux hectares par maison) et de l’absence des sapins argentés bon marché qui projettent leur ombre morne sur les façades pseudo-Tudor de tant de résidences de cadres dans la vallée de la Tamise.
F. Radziwill, L'Accident mortel de Karl Buchstätters, 1928, Essen museum Folkwang |
Greville décrit des images
vidéos, puis sa visite des lieux en compagnie d’un policier et les péripéties
qui l’amènent à tirer ses conclusions. Ou comment une société qui se veut
ultra-contrôlée fabrique ses propres monstres, froids et sans émotions. C’est
un récit très efficace !
La langue est froide, dépourvue
de toute émotion ou affèterie, presque clinique.
Il a toujours eu peur des chiens,
qui ne sont autorisés dans la résidence que la nuit (tous les animaux de
compagnie sont déconseillés à Pangbourne Village : ils salissent les
pelouses et causent un détournement d’affection).
L’avis
des vagabonds solitaires.
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