Maggie O’Farrell, L’Étrange disparition d’Esme Lennox,
traduit de l’anglais par Michèle Valencia, parution originale 2006.
Une sombre histoire de femmes.
Nous suivons deux fils
principaux. Tout d’abord, les pensées d’Esme, née en Inde britannique, dont la
famille rejoint l’Écosse. Petite fille libre, trop sensible et trop rêveuse,
farceuse, ne voulant pas se marier, souhaitant étudier, mais dans une famille
très corsetée, dans un milieu où ces femmes-là sont brisées. Quelques dizaines
d’années plus tard, nous retrouvons Iris, petite-nièce d’Esme qui découvre une
femme âgée ayant passé l’essentiel de sa vie dans un asile. Elles se parlent un
peu certes, mais le lecteur suit surtout leurs souvenirs de famille réciproques.
Entre les deux, s’intercalent les pensées marmonnées de Kitty, la sœur d’Esme.
Un roman très prenant. Si le
lecteur comprend assez rapidement la ligne générale du récit, les détails les
plus sinistres et sordides ne lui apparaissent que progressivement, au point où
la tentation de la relecture existe pour comprendre certaines allusions. C’est
surtout le beau portrait d’une petite fille et d’une jeune femme brisée par
cette épouvantable société hostile à tout ce qui n’est pas une digne mère de
famille. Kitty et Esme ne sont pas monolithiques. Elles s’aiment, sont
complices, s’agacent, sont rivales et leurs sentiments sont ambivalents.
En dépit du fond qui est très
sombre, le roman est porté par une certaine vie intérieure, grâce à Iris et
grâce à l’humour d’Esme. La vérité se fraie doucement un chemin.
I. Nonell, 1909, Madrid Reina Sofia, M&M. |
La conversation n’en finit pas.
Que se racontent-ils donc ? Des tas de choses, apparemment. Pour sa part,
Esme ne voit jamais rien qu’elle souhaiterait communiquer à ces gens. Elle
pousse sa cuillère contre un bord du bol, puis la ramène en arrière et observe
les remous et tourbillons qui se forment autour du couvert en argent. Elle
n’écoute pas les gens, du moins ne s’attache pas aux mots qu’ils prononcent,
perçoit juste le bruit d’ensemble. On croirait entendre des perroquets juchés
sur de grands arbres, ou des grenouilles qui se regroupent au crépuscule. Ça
fait le même crr, crr, crr.
L’avis de Nath (je suis assez d’accord avec elle
concernant Iris) et du Grenier de Choco qui a été très ému.
J'ai beaucoup aimé ce roman également : bien sombre destin raconté avec force
RépondreSupprimerIl a eu un certain succès sur les blogs en effet il y a 2-3 ans.
SupprimerJe me souviens que j'étais sortie mitigée de cette lecture...
RépondreSupprimerLes deux héroïnes ne sont pas traitées à égalité et on peut peut-être aussi trouver qu'il y en a un peu trop. Mais un bon moment de lecture quand même.
SupprimerRebonjour, un très beau roman lu lors de sa sortie il y a 15 ans. Ce fut une belle découverte. Bon après-midi.
RépondreSupprimerJe vois que j'ai un avis très positif mais je ne m'en rappelle plus du tout !
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