La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 6 octobre 2016

Il le sent bien, où qu’on aille on est d’ailleurs, et c’est sans fin qu’on n’est pas d’ici.

Serge Joncour, Repose-toi sur moi, 2016.

Une histoire contemporaine.

Ludovic, un grand gaillard tout doux venu de la campagne, travaille dans le recouvrement à Paris. Il est ainsi au plus près des grandes et petites misères sociales, des artisans fauchés, des retraités un peu paumés, des escrocs de petite envergure, de ceux qui sont vaguement ratés. Il habite le même immeuble qu’Aurore, mariée avec deux enfants, styliste dont la boîte va mal et dont l’associé pourrait bien être un traître. Mais elle est mère et chef d’entreprise et pas question de montrer ses faiblesses, de demander de l’aide. Le monde est dur.
P.W. Steer, Jeune femme sur la jetée, 1886-1888, Musée d'Orsay, RMN.
Ces deux-là vont se croiser à l’occasion de deux corneilles perchées dans les arbres et se rapprocher. Deux points forts pour moi à ce livre : d’abord l’histoire d’amour est très belle, très douce et très tendre. Les scènes de sexe sont bien racontées et finalement le livre refermé on ne sait pas trop ce qu’il va advenir d’Aurore et Ludovic. Ensuite, Joncour parvient assez habilement à entrecroiser la peinture de société et l’histoire intime. Les personnages sont pris dans leurs rôles sociaux, dans la grisaille et la médiocrité ambiante, ils ne sont pas vraiment adaptés à cette société rude et pleine d’épines. Voilà pourquoi ils se rapprochent, comme pour créer un cocon rassurant permettant d’affronter cet extérieur si menaçant.
Difficile cependant pour moi d’être plus enthousiaste, car ce n’est pas vraiment le genre de sujet qui me plaît le plus ou qui m'intéresse – moi qui cherche plutôt à m’évader en lisant. Il n’empêche, j’avais été heureusement surprise par L’Amour sans le faire et je retrouve ici cette même écriture sensible et délicate à la fois.

Elle était là à attendre qu’il lui demande quelque chose d’autre, à espérer qu’il ait besoin d’elle, ce n’était pas si courant qu’elle puisse aider quelqu’un, comme si l’idée de pouvoir lui filer un coup de main la renforçait d’une énergie nouvelle, comme si de pouvoir l’aider la faisait revivre… Il ne la priverait pas de ce cadeau. Il ne priverait personne de ce cadeau.


Merci Babelio et Flammarion pour cette lecture.


6 commentaires:

  1. Hum... je ne suis pas bien fan des histoire d'amour, surtout quand elles sont belles, douces et tendres...

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    1. Moi non plus je dois dire. Ce n'est pas lié au talent de l'écrivain, mais ce sujet n'est pas vraiment le mien.

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  2. J'ai noté ce titre depuis sa parution, je vais me laisser tenter !

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    1. Bon ne l'achète pas, je vais te garder mon exemplaire.

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  3. j'aime bien les histoires d'amour, et cette critique sociale m'a amusée. J'avais aimé l'écrivain national. Je conseille ces deux titres sans modération.

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