W. H. Auden, " Funeral blues" dans Poésies choisies,
traduit de l’anglais par Jean Lambert.
Funeral blues, 1938.
Arrêtez toutes les pendules, coupez le téléphone,
Donnez un os au chien pour l’empêcher d’aboyer,
Faites taire les pianos et dans un roulement assourdi
Sortez le cercueil et que les pleureuses pleurent.
Que les avions qui tournent en gémissant
Dessinent sur le ciel ce message : Il Est Mort,
Nouez du crêpe au cou blanc des pigeons,
Gantez de coton noir les agents de police.
Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et Ouest,
Ma semaine de travail, mon repos du dimanche,
Mon midi, mon minuit, ma parole, mon chant ;
Je pensais que l’amour durerait toujours : j’avais tort.
N’importe les étoiles à présent : éteignez-les toutes ;
Emballez la lune et démontez le soleil,
Videz l’océan et balayez la forêt
Car rien de bon désormais ne peut plus advenir.
Car rien de bon désormais ne peut plus advenir.
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