Rosa Montero, Le Roi transparent, traduit de
l’espagnol par Myriam Chirousse, publication originale 2005.
Un roman de chevalerie !
La narratrice est Léola, une
jeune fille du Sud-Ouest de la France au XII-XIIIe siècles, paysanne
et serve, mais qui devient chevalier, connaît une vie d’aventures en compagnie
de Nynève, une fée, et doit faire son chemin en pleine répression anti cathare.
Donc roman de chevalerie, avec
que des héroïnes femmes, bonnes ou maléfiques, des chevauchées – j’ai adoré. Le
but n’est pas forcément d’être vraisemblable, mais de créer un monde de fiction
cohérent, entraînant pour le lecteur. C’est très long et très romanesque, avec
bien sûr quelques longueurs, mais l’ensemble est très réussi et entraînant pour
le lecteur, ravi de pouvoir explorer cette dure époque.
Dans un épilogue, Montero
présente toutes les distorsions qu’elle a fait subir à la chronologie
historique. Car en effet, en l’espace de 40 ans, Léola parvient à rencontrer
Héloïse, Aliénor d’Aquitaine, et différents protagonistes des croisades
cathares. C’est critiquable, mais assumé clairement, donc pourquoi pas ? Il
faut reconnaître également que l’on est en partie dans un roman à thèse où
l’amour courtois, les cours nobles de Provence, les cathares sont valorisés aux
dépens du pays d’Oïl et d’une certaine centralisation monarco-catholique – mais
ce n’est pas si net que ça, car il y a une place pour les cultes païens et une
certaine modernité d’État. Toujours d’un point de vue documentaire, je note l’explication
convaincante de ce qu’est la fin’amor. De façon générale, on a vraiment l'impression d'être plongé dans ce monde médiéval, l'effet est très convaincant.
Vitrail du XIIe, restauré 1950, musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg, M&M. |
Ce que j’ai le plus apprécié est
la façon dont la magie est utilisée. On est au Moyen Âge et Léola croit
naturellement aux fées, aux sorcières, aux histoires maudites, aux
envoûtements. À certains moments, elle comprend qu’il s’agit d’une arnaque, à
d’autres rien n’est expliqué. On est dans un monde où le surnaturel a sa place,
où on peut se promener avec un basilic ou être emprisonné par le brouillard,
car c’est ainsi que vivaient (peut-être) les êtres humains de l’époque.. Les
romans de Chrétiens de Troyes ou de la légende arthurienne valent bien les
exploits de Richard Cœur de Lion.
Cachée sous mes nouveaux habits,
je me sens plus sûre. Protégée. Car c’est un malheur d’être femme et d’être
seule en temps de violence. Mais maintenant je ne suis plus une femme.
Maintenant je suis un guerrier. Un terrible ver dans un cocon de fer, comme je
l’ai entendu chanter un jour par un troubadour.
Des femmes écrivains. Mois espagnol de Sharon.
Ah qu'est-ce que j'ai aimé ce roman, et quel talent cette Rosa Montero !
RépondreSupprimerÇa c'est un roman romanesque qui nous emporte ! Ça fait drôlement du bien.
SupprimerMerci pour ta participation au mois espagnol.
RépondreSupprimerUne auteur à découvrir pour moi.
Alors qu'à chaque mois de mai, encouragée par ton challenge, je lis un nouveau roman de cet auteur !
Supprimer(bien sûr ^_^)
RépondreSupprimerBon souvenir, l'auteur se renouvelle à chaque fois, mêem si son écriture est toujours reconnaissable, et, coïncidence, je suis en train de lire Le territoire des barbares, ce n'est pas récent, mais c'est le seul traduit qui me reste à découvrir!
Ah je ne le connais pas, grâce à toi, je me ferai une idée.
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RépondreSupprimerBibliothèque Hispanique
L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir de la même