La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 8 mai 2017

En vérité, c’est moi qui me suis enfuie, qui me suis échappée.

Rosa Montero, Le Roi transparent, traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse, publication originale 2005.

Un roman de chevalerie !

La narratrice est Léola, une jeune fille du Sud-Ouest de la France au XII-XIIIe siècles, paysanne et serve, mais qui devient chevalier, connaît une vie d’aventures en compagnie de Nynève, une fée, et doit faire son chemin en pleine répression anti cathare.
Donc roman de chevalerie, avec que des héroïnes femmes, bonnes ou maléfiques, des chevauchées – j’ai adoré. Le but n’est pas forcément d’être vraisemblable, mais de créer un monde de fiction cohérent, entraînant pour le lecteur. C’est très long et très romanesque, avec bien sûr quelques longueurs, mais l’ensemble est très réussi et entraînant pour le lecteur, ravi de pouvoir explorer cette dure époque.
Dans un épilogue, Montero présente toutes les distorsions qu’elle a fait subir à la chronologie historique. Car en effet, en l’espace de 40 ans, Léola parvient à rencontrer Héloïse, Aliénor d’Aquitaine, et différents protagonistes des croisades cathares. C’est critiquable, mais assumé clairement, donc pourquoi pas ? Il faut reconnaître également que l’on est en partie dans un roman à thèse où l’amour courtois, les cours nobles de Provence, les cathares sont valorisés aux dépens du pays d’Oïl et d’une certaine centralisation monarco-catholique – mais ce n’est pas si net que ça, car il y a une place pour les cultes païens et une certaine modernité d’État. Toujours d’un point de vue documentaire, je note l’explication convaincante de ce qu’est la fin’amor. De façon générale, on a vraiment l'impression d'être plongé dans ce monde médiéval, l'effet est très convaincant.
Vitrail du XIIe, restauré 1950, musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg, M&M.
Ce que j’ai le plus apprécié est la façon dont la magie est utilisée. On est au Moyen Âge et Léola croit naturellement aux fées, aux sorcières, aux histoires maudites, aux envoûtements. À certains moments, elle comprend qu’il s’agit d’une arnaque, à d’autres rien n’est expliqué. On est dans un monde où le surnaturel a sa place, où on peut se promener avec un basilic ou être emprisonné par le brouillard, car c’est ainsi que vivaient (peut-être) les êtres humains de l’époque.. Les romans de Chrétiens de Troyes ou de la légende arthurienne valent bien les exploits de Richard Cœur de Lion.

Cachée sous mes nouveaux habits, je me sens plus sûre. Protégée. Car c’est un malheur d’être femme et d’être seule en temps de violence. Mais maintenant je ne suis plus une femme. Maintenant je suis un guerrier. Un terrible ver dans un cocon de fer, comme je l’ai entendu chanter un jour par un troubadour.


L’avis de Sandrine et de Keisha (bien sûr). 






7 commentaires:

Sandrine a dit…

Ah qu'est-ce que j'ai aimé ce roman, et quel talent cette Rosa Montero !

nathalie a dit…

Ça c'est un roman romanesque qui nous emporte ! Ça fait drôlement du bien.

Sharon a dit…

Merci pour ta participation au mois espagnol.
Une auteur à découvrir pour moi.

nathalie a dit…

Alors qu'à chaque mois de mai, encouragée par ton challenge, je lis un nouveau roman de cet auteur !

keisha a dit…

(bien sûr ^_^)
Bon souvenir, l'auteur se renouvelle à chaque fois, mêem si son écriture est toujours reconnaissable, et, coïncidence, je suis en train de lire Le territoire des barbares, ce n'est pas récent, mais c'est le seul traduit qui me reste à découvrir!

nathalie a dit…

Ah je ne le connais pas, grâce à toi, je me ferai une idée.

catherine b a dit…



Bibliothèque Hispanique
L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir de la même