L’héroïne est une petite fille,
Constance, aux longs cheveux, qui vit recluse avec ses grands-parents qui la
maltraitent dans une grande maison en Normandie. Au début, le lecteur imagine
que l’on se situe dans l’entre-deux-guerres, avant de comprendre que… Et de
même, bien des évidences sont en réalité des mensonges.
C’est un album au ton très
particulier. Constance n’est pas une adorable petite fille ou une victime
parfaitement innocente. Elle joue, elle imagine des bêtises, elle rêve
d’évasion. Elle s’invente un monde à partir de ses lectures, les rêveries
prenant la forme des gravures ou des photographies des livres. Et si… et si…
C’est un aspect très réussi, car il rend très bien, je trouve, la façon dont un
enfant peut s’échapper de la réalité en utilisant tous les supports à sa
disposition (les romans, l’actualité, les images) pour se raconter des
histoires où tout finit comme il le souhaite.
Au chapitre des révélations sur
la réalité des faits, je suis plus partagée. D’une part, je trouve assez habile
de nous laisser entendre que c’est le lecteur qui est abusé alors que
Constance, elle, sait en partie de quoi il retourne. Je trouve ça assez malin. De
façon générale, l’auteur ne semble pas intéressé par cette supposée intrigue ou
son dénouement (il y a un grand récit rétrospectif qui me paraît plat), mais
par la façon dont l’héroïne affronte tout cela avec un apparent détachement.
C’est un parti pris qui se comprend mais me laisse un peu sur ma faim. L’accent
est mis sur Constance, tour à tour victime, féroce, blagueuse, pleine d’espoir
et de désir de vengeance, complètement perturbée par l’environnement où elle
vit.
Et le graphisme est très réussi.
Des lignes noires et blanches comme des gravures, qui mettent en scène
l’histoire principale, mais aussi les rêves et les souvenirs, d’une même façon
tout à la fois schématique et fantastique.
C’est un album très intense qui
demande de la concentration.
L’avis de Jérôme.
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