La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 28 décembre 2017

Ne vous contentez jamais de petits plans ; ils n'ont aucune magie pour échauffer le sang des hommes.

Erik Larson, Le Diable dans la ville blanche, traduit de l'américain par Hubert Tézenas, publication originale 2003.

Le roman vrai de la ville de Chicago.

Larson raconte comment la ville de Chicago a organisé l'exposition universelle de 1893, gagnant par là ses galons de grande ville à l'égale de celles de la côte Est et comment, pendant ce temps, un homme a assassiné un certain nombre de femmes, tout en faisant disparaître leurs cadavres. Et tout est vrai.
Même si son projet est de suivre les deux fils en parallèle, celui concernant l'exposition représente un filon bien plus riche et intéressant. La documentation sur le tueur en série est plus fragmentaire, mais il faut reconnaître que ce récit est digne d'une série policière, avec ses détails macabres et ses coïncidences improbables.

À mesure que la population de Chicago progressait, la demande de logements se mua en une véritable fièvre. Les gens qui ne parvenaient ni à acheter ni même à louer un appartement cherchaient à se faire héberger chez l'habitant ou dans une pension de famille, où le loyer incluait en général les repas. La spéculation immobilière galopante créait d'étranges paysages. À Calumet, un millier de réverbères tarabiscotés surgirent en plein marais, sans autre utilité que d'éclairer la brume et d'attirer des hordes de moustiques.

Tout l'enjeu pour la ville de Chicago est de parvenir à montrer aux yeux de New York qu'elle n'est pas qu'une ville de bouchers et d'hommes d'affaires, mais qu'elle est, elle aussi, capable de créer une ville d'art et de beauté. Un défi gigantesque. À la fin du XIXe siècle, les États Unis entrent dans la modernité. Tout le territoire est désormais couvert et les Indiens et les anciens soldats de la guerre de Sécession se recyclent dans le show de Buffalo Bill. L'hymne officiel américain n'est pas encore fixé. Mais on construit les premiers gratte-ciel et il s'agit de rivaliser avec l'ahurissante tour d'acier construite à Paris par l'ingénieur Eiffel.
 F. Remington, Dompter le cheval sauvage, 1895, bronze, Met.

Cette exposition sera donc marquée par la première grande roue. En parallèle, les êtres humains exotiques sont eux aussi exposés : un village algérien, des esquimaux, des Indiens. Ce sont également les débuts de l'électrification à grande échelle – "L'Expo consommait à elle seule trois fois plus d'électricité que toute la ville de Chicago" – et de limitation du droit de photographier.
J'ai eu une préférence pour Dans le jardin de la bête dont le propos est plus unifié et qui réussit parfaitement sa mise en tension dramatique. Mais au vu de ma faiblesse pour la ville de Chicago, j'ai tout de même beaucoup apprécié cette lecture.
À noter que l'exposition universelle de Chicago fait une apparition remarquée dans le roman de Thomas Pynchon, Contre-jour.

Pour cette seule journée, 713 646 personnes avaient payé pour entrer dans Jackson Park. (31 059 seulement – 4 % – étaient des enfants.) 37 380 visiteurs supplémentaires avaient accédé à l’Expo grâce à une carte d’abonnement, ce qui portait le nombre total des entrées du jour à 751 026. Chicago venait donc d’accueillir le plus grand rassemblement pacifique d’êtres humains de l’histoire mondiale. À en croire le Tribune, il n’était dépassé que par la concentration sur les rives de l’Hellespont des 5 millions d’hommes de l’armée de Xerxès le Grand, au Ve siècle avant J.-C. Le record parisien de 397 000 visiteurs était en effet pulvérisé.



4 commentaires:

nathalie a dit…

blablabla

Anonyme a dit…

blablabla bis

Karine a dit…

J'ai beaucoup aimé celui-là... du coup, j'ai envie de lire l'autre de l'auteur.

nathalie a dit…

Le Jardin de la bête a une tension dramatique bien plus élevée et plus d'unité, à mon goût.