La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 17 avril 2018

Certains os émettaient encore un bruit léger semblable au cri du ver de terre.

Akira Yoshimura, La Jeune fille suppliciée sur une étagère, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, parution originale 1959, édité en France par Actes Sud.

Une nouvelle étonnante.
La narratrice, une jeune fille, vient de mourir et son corps a été vendu à un hôpital par ses parents. Elle raconte donc comment on vient chercher son corps, comment ses organes sont prélevés et déposés dans des bocaux, comment les étudiants en médecine s’exercent sur son corps, comment ses restes sont incinérés et comment l’urne est déposée enfin quelque part. Le tout dans une langue sobre et délicate.
Nous frôlons avec légèreté toutes les difficultés : l’échange d’argent, les remarques des hommes face à un corps de jeune fille, la promiscuité avec les autres cadavres. La mort semble suivre la vie, sans peur, sans douleur, sans angoisse, sans fantôme. La narratrice exprime un besoin de repos, mais se plaint rarement du traitement qu’elle subit, le constatant sans réellement le critiquer. Elle est dans une intense solitude exprime son impossibilité de trouver du réconfort.
Subtil.

Une nouvelle qui m’a particulièrement intéressée dans la mesure où j’ai fait don de mon corps à la science (dans d’autres circonstances).

J’étais toujours allongée, enveloppée dans mon linceul. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que mon corps était devenu étrangement léger. De ma poitrine à mon ventre, j’avais froid comme si mon corps était traversé par un courant d’air.

Stèle funéraire romaine, musée d'Aquitaine.

2 commentaires:

Lili a dit…

J'avais beaucoup aimé cette nouvelle. J'ai continué à lire Yoshimura depuis et ce petit côté macabre étonnant semble être significatif de son écriture.

nathalie a dit…

Je n'ai rien lu d'autre de lui, mais cette nouvelle est en effet très réussie.