La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 4 août 2018

L’incarnation même de la science indomptable et triomphante.

Jack Black, Yegg. Autoportrait d’un honorable hors-la-loi, traduit de l’américain par Jeanne Toulouse, publication originale 1926, édité en France par Les fondeurs de brique.

Le narrateur, à l’âge de la maturité et bibliothécaire, nous raconte sa vie depuis ses 14 ans. Une existence de voleur, petit ou grand : voler une bijouterie, cambrioler, faire sauter le coffre des banques, faire le hobo (= traverser le pays de train en train, surtout sans payer, et en déjouant la surveillance des employés du chemin de fer et de la police), aller en prison, jouer, fuir la police, aller encore en prison… 
C’est un document, un témoignage, qui raconte une vie d’errance et de liberté. Nous découvrons toute une faune diversifiée : les hobos, les mendiants, les policiers de toute nature, les cambrioleurs à toute phase de leur carrière, les Chinois de San Francisco ou de Vancouver, les prostituées prisonnières de matrones… Exotique. C’est aussi une autre époque des États-Unis, celle où il n’y a pas encore d’empreintes digitales, où la justice est à géométrie variable, celle où les différentes monnaies émises pendant la guerre de Sécession n’inspirent pas confiance.
J’ai trouvé cela très intéressant, mais je me suis lassée. Le ton est assez plat, ironique certes, mais sans engagement psychologique et l’ensemble est assez répétitif.

Je baignais tellement dans le monde du crime que je ne songeais pas une seconde à entreprendre quoi que ce soit d’honnête. J’ai laissé filer quantité d’occasions splendides dans ces villes de l’Ouest en pleine expansion, parfaitement conscient de leur valeur. Non que j’étais paresseux ou indolent mais je ne voyais vraiment pas l’intérêt qu’il y avait à faire des affaires et accumuler de l’argent.

Merci @HarounAlRachid  pour la lecture.
 
Créature bizarre, Vitrail provenant de Saint-Denis, 1324, musée de Cluny.


Robert W. Chambers, En quête de l’inconnu, traduit de l’américain par Jean-Daniel Brèque, parution originale 1904, édité en France par Le Visage vert.

Le narrateur est un naturaliste du Bronx Park à New York. Il voyage partout dans le monde à la recherche d’animaux étranges, rares, que l’on croyait disparus (mammouth, pingouin géant…). Ce sont des nouvelles qui se suivent comme autant d’excursions dans les mondes perdus(oui, Doyle n’est pas loin). Ce sujet m’avait bien bottée, mais l’écriture est hyper datée. Clichés et préciosités s’enchaînent… mais il y a aussi beaucoup d’ironie du narrateur qui n’hésite pas à se mettre en scène et à se moquer de lui-même. Ce n’est pas si mauvais !

Il est des spectres sonores qui vous hantent longtemps après que le son n’est plus. C’étaient ces spectres muets d’une voix trépassée qui faisaient frémir le silence transparent et entonnaient des mélodies atonales.
Je pense avoir été clair.

On croise donc un homme avec des branchies qui tombe amoureux d’une infirmière et des créatures invisibles qui adorent les tartes aux pommes et d’autres choses plus bizarres encore. Nous sommes à la fois dans un roman d’aventure, un roman feuilleton, une science-fiction naturaliste, mais il y a beaucoup trop d’adjectifs.

Comme je viens d’écrire, je venais juste de rentrer de Java, porteur d’une précieuse collection d’isopodes non répertoriés à ce jour – un ordre de crustacés édriophtalmes pourvus de sept somites thoraciques indépendants et de quatorze pattes. Que le lecteur me pardonne, mais il est nécessaire que l’auteur de ces lignes fasse preuve d’une exactitude absolue dans les détails, car le récit qui suit entraîne certains risques pour l’homme de science qui le rédige, vu l’énorme quantité d’histoires à dormir debout et de mauvaise littérature qui circulent de nos jours en se faisant passer pour des récits d’aventures scientifiques.




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