La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 29 septembre 2018

Les peuples autochtones canadiens

Musée d'histoire de Vancouver

Retour sur la côte ouest du Canada.
Après deux billets consacrés à Vancouver (présentation et histoire), nous nous intéressons aujourd'hui aux Amérindiens, aux autochtones, aux Premières nations, bref, à ceux qui étaient là avant.

D'abord un point sur les noms. Indiens n'est plus utilisé, car trop péjoratif, Amérindiens est de moins en moins utilisé un peu pour les mêmes raisons. On parle des peuples autochtones canadiens pour désigner les premiers occupants du pays, avant l'arrivée des Européens. Trois groupes autochtones sont officiellement reconnus par la loi constitutionnelle de 1982 : les Métis, les Inuits et les Premières nations.
Tous ces gens sont arrivés sur le continent américain en traversant le détroit de Béring à une époque où le niveau de la mer était beaucoup plus bas qu'aujourd'hui, ce qui explique peut-être qu'une très grande diversité de peuples et de culture s'observent le long de la côté ouest du continent, précisément en Colombie-Britannique.

J'ai vu plein de totems et un billet leur sera spécifiquement consacré. Ils le méritent !

Puis un préambule à propos des musées. J’ai visité plusieurs musées exposant des objets autochtones et en général ils hésitent entre l’ethnologie et l’histoire, ce qui est un peu perturbant. On nous présente une société « depuis les temps immémoriaux » (j’ai vraiment lu ça !) qui n’aurait pas d’histoire et puis paf, les dates arrivent avec les blancs. Et là, évolution, transformation, adaptation, bref, de l’histoire. Ce n’est pas du tout satisfaisant, mais je dois dire que j’ignore quel discours pourrait convenir. Il existe en effet différentes façons de raconter l’histoire, mais les discours historiques sont sans doute mal adaptés à une exposition en musée. Il faut lire de longs cartels, ce qui n’a rien d’évident. Je suis restée gênée par cette présentation de sociétés immobiles. Exception toutefois pour l’exposition de l’étage supérieur (pas celle du bas) du musée de Gatineau qui recours à l’histoire et à l’archéologie pour évoquer l'époque précédent l’arrivée des blancs.
L’autre particularité, c’est que ces expositions ont été conçues en collaboration étroite entre professionnels des musées et membres ou représentants des différents peuples autochtones. C’est une richesse humaine : les musées ne considèrent plus que ce sont des peuples disparus ou passés, ils ne parlent plus « à propos de » mais « avec ». C’est une richesse scientifique : les objets sont mieux identifiés, la technique de fabrication peut être retrouvée, les usages font l’objet de témoignages. Gros point positif (ah les vidéos de fabrication de canots !). Toutefois, est-ce à cause de cela qu’il est presque impossible de lire le moindre mot un peu négatif ? Ces sociétés semblent idéales, jamais traversées par la moindre tension, personne n’est opprimé, personne n’a aucune envie de sortir de son groupe… pas de famine chez les Inuits et pas d’esclaves chez les Haïdas. C’est regrettable.

Musée royal de Colombie-Britannique à Victoria.

C’est que le Canada et les institutions canadiennes n’en ont pas fini de se dépêtrer avec la mauvaise conscience. D’abord les maladies apportées par les blancs ont décimé les populations amérindiennes et ont transformé les villages en cimetière. Ensuite la politique d’accaparement des terres (la ruée vers l’or en Colombie-Britannique a eu de graves conséquences). Puis la politique d'assimilation forcée qui visait à faire disparaître les modes de vie autochtones (interdiction des totems, interdiction des potlatchs), la négation du statut de citoyen puisque les autochtones ont été les derniers à obtenir le droit de vote. Des années 1820 à 1990, des milliers d’enfants autochtones ont été arrachés à leurs familles et à leurs cultures pour être… euh… « éduqués » dans des pensionnats où leur langue était interdite et où ils étaient souvent maltraités. Le gouvernement canadien a présenté des excuses à ce sujet en 2008. 
Bill Reid, La Variole série Les Pertes communautaires, gravure de 1965.
Les rives du fleuve sont ravagées par la maladie. Je vous reparlerai aussi de Bill Reid !


Dans de telles circonstances, il est peut-être trop tôt pour que les musées soient capables de proposer des discours vraiment satisfaisants pour tout le monde. J’avoue que les visites muséales ont été complétées utilement par une sortie dans un centre culturel Anishinabeg (de langue algonquine), véritable lieu de vie à part entière, avec salle de conférence, activités et surtout un petit vieux bavardant en algonquin avec beaucoup d’énergie - il faisait plaisir à voir.
Le centre culturel Anichinabeg à Maniwaki
Par ailleurs, dans les musées, j’ai vu des objets absolument magnifiques. Sur ce blog, il sera surtout question des Haidas. Restez à l'écoute !



Les étonnantes vitrines du musée d'anthropologie de Vancouver.


Les précédents billets de la série : présentation de Vancouver, histoire de Vancouver
















4 commentaires:

  1. je suis toujours, avec le même plaisir! Ces totems sont en effet très curieux!

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    1. Il faudra patienter quelques semaines encore pour les totems (il y a du suspense !).

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  2. J'ai visité il y a quelques années le très beau musée de l'histoire du Canada à Ottawa. Et là-bas quels totems !

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    1. Je parlerai bientôt des totems, j'en ai vu beaucoup !

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