Jerome K. Jerome, Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien), parution originale 1889, traduit de l’anglais par Henri Bouissou.
Prêt pour une partie de canotage sur la Tamise ?
Le narrateur et ses deux amis, Georges et Harris, et le fox-terrier Montmorency décident de remonter la Tamise en canot. Aviron et halage sont au programme. Ainsi que pas mal d’humour.
C’était un de ces matins triomphants de la fin du printemps ou de la fin de l’été (je ne suis pas contrariant) où les tons délicats de l’herbe et des feuilles prennent un vert plus foncé, et où l’année ressemble alors à une belle jeune fille qui frissonne d’émoi en sentant battre dans ses veines l’éveil de sa féminité.
L’auteur alterne entre récit du voyage proprement dit, qui ne se passe pas toujours comme prévu, anecdotes historiques et géographiques sur la Tamise et anecdotes de canotage. Le narrateur vante sans cesse les charmes bucoliques et romantiques de la nature, tout en étant confronté à la terrible réalité du camping sous la tente, sous la pluie, en compagnie de toute sorte de bestioles. Le tout, d’un style en apparence naïf et sincère, simple et sans artifice, camouflant un redoutable humour britannique, cocasse, plein d’ironie et apparemment sans limite. Nos héros vivent des aventures loufoques et absurdes au gré des courbes du fleuve, des écluses et des auberges.
La bouilloire mise à chauffer à l’avant du canot, nous nous retirâmes à l’arrière, feignant de l’ignorer, pour nous occuper de sortir le reste du matériel.
C’est, sur la Tamise, la seule méthode afin qu’une bouilloire consente à bouillir. Si elle voit que vous l’attendez avec impatience, elle ne sifflera ni ne chantera. Il vous faut vous éloigner et commencer votre repas comme si vous ne vous souciiez pas le moins du monde de prendre le thé.
Sisley, La Seine à Bougival, 1872, Yale University Art Gallery. |
La seule faiblesse est que, par nature, ce soit un peu répétitif. Mais la multiplication des digressions et des petites histoires rend tout cela très agréable à lire et rend hommage à la Tamise et à la pratique de l’aviron, si cher à nos amis d’Outre-Manche. Et il y a de sacrées trouvailles !
Un texte léger, où l’humour est pris très au sérieux.
Une bonne brise s’était levée, à notre avantage. Ce qui est un miracle car, en règle générale, le vent souffle toujours contre vous sur la Tamise, quelle que soit votre direction. Il est contre vous le matin, quand vous partez pour une excursion d’une journée, et vous ramez longtemps, en pensant qu’il sera bien agréable de revenir à la voile. Mais, après le thé, il a tourné, et il vous faut souquer dur tout le chemin du retour.
J’ai toujours l’impression de fournir plus de travail que je ne devrais. Non pas que le travail me répugne, remarquez ; j’aime le travail, il m’exalte. Je resterais des heures à le contempler. J’apprécie énormément sa compagnie, et l’idée d’en être séparé me brise le cœur.
Oh oui, à lire et à relire! Connie Willis s'en est (un peu) inspirée avec son "Sans parler du chien".
RépondreSupprimerPS qui n'a rien à voir : je sais que tu es fan de J Sinisalo, il me manque Le sans des fleurs, mais je ne désespère pas, et actuellement je lis Le Reich de la lune, Actes sud 2018. Spécial, SF, et culotté, comem souvent avec elle.
Ah ah tu vas pouvoir en lire un avant moi !!! Beau tableau de chasse.
SupprimerLe sang des fleurs est extrêmement réussi à mon goût.