La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 22 mars 2020

Natures mortes du XIXe siècle

Après une semaine consacrée à des lectures humour, détente et nourriture, je reprends mes billets peinture. C'est Carême, nous sommes dans les natures mortes et cette semaine, c'est le XIXe siècle !

La semaine dernière, je vous parlais natures mortes hollandaises du XVIIe siècle avec les Claesz. Depuis Chardin et le XVIIIe siècle, la nature morte s'est éloignée de la vanité. Les fruits dont on nous montre la future pourriture et la vaisselle sur le point de tomber s'éloignent peu à peu. Désormais, place à la peinture ! D'ailleurs, le saviez-vous, l'expression nature morte apparaît au XVIIIe siècle.

On commence par le boss des pommes et des oranges, j'ai nommé Cézanne. Ici, Nature morte avec un dessert, 1877, musée de Philadelphie. 

Nature morte à la bouilloire, 1867, musée Orsay. J'aime beaucoup celle-ci car elle a quelque chose de très espagnol, avec cette juxtaposition de noir et de blanc presque purs. Nous sommes loin ici du jaune, de l'orangé et du vert, si présents dans les autres natures mortes. Et des formes très simples, des volumes stylisés. Une touche blanche pour donner l'éclat de la lumière sur la vaisselle.

Nature morte, oeuvre déposée au Musée Granet par le musée d'Orsay. Rien que de la couleur, de la peinture, le motif s'éloigne...
Connaissez-vous cette citation de Cézanne (1904) ? Tout dans la nature se modèle sur la sphère, le cône et le cylindre, il faut apprendre à peindre sur ces figures simples, on pourra ensuite faire tout ce qu'on voudra.
Et celle-ci, de Maurice Denis, véritable scie dès lors que l'on parle d'art moderne : Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées
Ce sont les phrases à ressortir quand il est question du cubisme ou de Marcel Duchamp, au moment d'expliquer que, oui, Cézanne est le grand modèle pour l'art moderne. Il étudie les volumes et la lumière, et aussi la couleur, le mouvement de la touche, sur le sujet le plus simple et anonyme qu'il soit.
Mais il n'est pas le seul artiste du XIXe siècle à avoir donné dans le fruit...

Courbet, Les Fruits, 1871, collection Burrell à Glasow. Peut-être les plus belles poires de la peinture... qu'en pensez-vous ? Elles sont parfaites, si réelles, et baignées d'une belle lumière, d'un petit soleil léger qui les caresse.
Des fleurs en cascade par Delacroix (1834, Vienne muséum Belvedere), de la couleur, du rouge, du mouvement... elles se prennent elles aussi pour des lions en chasse !

Un bouquet de Chrysanthèmes par Fantin-Latour (musée Thyssen), dans une délicate harmonie de bruns, de roses un peu vieillis et de jaunes. Ici la lumière est douce et délicate, tamisée, elle détaille le moindre pétale.
Fantin-Latour, Corbeille de pêches, 1875, collection Burrell à Glasgow. Elles peuvent rivaliser avec celles de Chardin, celles-ci ! Le fond parfaitement vide. Simplement des fruits posés là (dressés avec beaucoup d'art et de soin pour que les formes et les couleurs soient parfaites). Le vert sombre et la peau rose, blanc, jaune qui apporte une lumière très douce.... douce comme la peau des pêches.

Des roses moelleuses comme une glace à la vanille. Ce sont les Roses dans un verre à champagne de Manet (1882 collection Burrell à Glasgow). Tout l'éclat de la couleur.

Oui, j'ai triché en prenant les tableaux de fleurs en plus des natures mortes, mais j'avais envie, voilà.

Enfin, une belle vanité memento mori (oui, ce n'est peut-être pas nécessaire en ce moment) : Van Gogh, Crâne, 1887, Amsterdam. Notez le titre choisi par le peintre : un crâne laïc et désacralisé, traité comme un tournesol, avec une touche très dynamique.

La semaine dernière, c'était Claesz. La semaine prochaine, nous attaquons les Rameaux (un peu en avance).

ADDENDUM Santé : La période de confinement coronavirus s'enchaîne directement avec la période où je suis restée coincée à la maison à cause du pansement sur le front. Du coup vie sociale au point mort depuis des semaines (à part les infirmières qui viennent quotidiennement) (remarquez, à présent c'est une chance d'avoir de la visite quotidienne !) et je n'en peux plus de me voir. Sinon, physiquement, tout va bien, mais j'ai hâte que le coronavirus soit parti et que mon front soit reconstitué et de retrouver un sens à la vie - c'est encore loin 2021 ?
Mes récriminations n'ont pas d'importance et j'espère que vous, vos proches, familles et amis, vont bien et tiennent le coup pour ces longues semaines !
On va lire et faire du gâteau.

2 commentaires:

keisha a dit…

Plus coloré cette semaine, en effet!
Je regarderai les natures mortes autrement, maintenant.
Et courage, camarades confinés! Pensons à ceux qui ne peuvent pas l'être et travaillent (pour nous)

nathalie a dit…

J'ai travaillé un peu mais ça s'est arrêté. Et oui, il suffit d'attendre, sans trop se plaindre.