La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



vendredi 20 mars 2020

Je me dis que la meilleure ligne de conduite serait l’improvisation.

Jasper Fforde, Les Aventures de Thursday Next, tome 5, Le Début de la fin, traduit de l’anglais par Jean-François Merle, parution originale 2007, édité en France chez 10/18.

Retrouvons notre héroïne britannique et le monde de la fiction. 14 ans ont passé depuis Sauvez Hamlet ! Thursday pose des moquettes (officiellement) et Friday, son fils aîné, est un ado mollasson. La détective continue toutefois à s’occuper des affaires du Monde des livres (on ne se rend pas bien compte à quel point il se passe des trucs dans les romans). Voilà que Sherlock Holmes a été assassiné (pour de bon), que Thursday doit s’occuper de ses stagiaires clones et que l’on est décidé à créer des romans interactifs. Ah, et la fin des temps doit arriver, aussi.
Bien sûr, c’est toujours un plaisir de se plonger dans cet univers, même si j’ai trouvé que certains ressorts de l’intrigue étaient un peu inutilement compliqués. Il y a quand même de nombreux points forts : un trafic de fromages fortement puants, une armée de féroces Mrs Danver (souvenez-vous ! la gouvernante de Rebecca), une excursion très angoissante et pittoresque dans l’univers de la poésie, le gros problème de l’Excédent de Bêtise, etc. J’aime beaucoup l’évocation de la machinerie (entre artisanat, entreprise de travaux publics et décors de théâtre) au service de la création de romans. Il en faut de la paperasse et de l’huile de coude pour que le lecteur puisse se plonger dans la vie de ses personnages préférés. 
Vous découvrirez d’où vient réellement le piano dans Emma.
Bref, toujours une excellente série !

Je m’approchai des étagères et lui fis signe de me suivre. Quand je fus à un mètre des livres, je sentis leur influence irradier comme un radiateur. Mais ce n’était pas de la chaleur que je ressentais, plutôt l’excitation d’une bonne intrigue bien menée : un pot-pourri de récits enchevêtrés, flottant autour des livres comme la brume matinale sur un lac. Je pouvais vraiment percevoir les émotions, entendre des bribes de conversation et distinguer les images se libérant un court instant de la gravité qui les retenait à l’histoire.

Quand il ne militait pas pour la dépénalisation des abus grammaticaux de classe C, comme de débuter une phrase par « Et », il inventait des procédés narratifs nouveaux et intéressants. C’est lui qui avait été à l’origine de l’astuce révolutionnaire présente dans Le Meurtre de Roger Ackroyd ainsi que du mécanisme des Exercices de style de Raymond Queneau. Bien sûr, tous n’avaient pas trouvé preneur, comme la bataille entre un U-Boot et le Nautilus dans L’Île mystérieuse, une recette originale pour distiller les guillemets à partir de souris bouillies, une méthode pour repérer les grammasites grâce à une marina de de rosée, et toute une série d’expressions burlesques qu’il était le seul à utiliser.
 
Trafic de fromages.
Toute l'histoire :

4 commentaires:

keisha a dit…

(sifflote)Bon, j'en ai lu six! Plus les deux de la Nursery crime division (pas traduits) et la route de haut safran. Manque le 6 de la série thursday mais bon, à reprendre.
Inutile de dire que j'aime!!!
Pour imaqa j'espère que tu aimeras (coup de coeur chez moi!)

nathalie a dit…

Je viens de lire le 6e, je commanderai le 7e dès que la pandémie sera passée. Pour être franche, j'hésite entre tout dévorer tellement c'est bien ou prendre le temps de ne pas lire trop vite pour ne pas épuiser ou les relire. J'aime quoi.
Pour le moment, j'aime bien Imaqa, très apprécié sur les blogs.

miriam a dit…

je viens de lire ta citation sur le grand écran de l'ordi, sur le téléphone c'était très frustrant!

nathalie a dit…

Y a pas mal de citations cultes dans cette série.