Jasper Fforde, Le Mystère du Hareng Saur, sixième aventure de Thursday Next, traduit de l’anglais par Jean-François Merle, parution originale 2011, édité en France chez 10/18.
Je gardais le souvenir de la fin du tome précédent comme un truc confus avec beaucoup trop de renversements. J’étais donc un peu méfiante, tout en ayant confiance dans la capacité de Fforde à me fournir une bonne lecture distrayante. Pari réussi !
L’héroïne n’est pas ici Thursday Next, la vraie, mais la Thursday Next de fiction, un modèle plus conventionnel et moins rock n’roll que la vraie. Elle prend le bus et boit de la tisane, quoi. N’empêche qu’elle aussi se retrouve rapidement à devoir élucider un mystérieux accident, à se rendre compte que la vraie Thursday a disparu, à affronter une rébellion dans son propre roman, etc. Le tout flanquée d’un majordome. Et alors que vient d’avoir lieu une refonte du Monde des Livres, sur le modèle géographique.
Le roman constitue pour nous l’occasion de nous promener de presqu’île en presqu’île, c’est-à-dire d’un genre littéraire à un autre : le Compte d’Auteur notamment, le Complotisme, l’Humour, tout en suivant les rives du fleuve Métaphore, en trafiquant de la Met (métaphore ou métonymie ?), en essayant de défaire un Rubik’s Cube. Et puis il y a le Monde réel vu par un personnage de fiction – un passage très savoureux.
Ici, dans le Monde des Livres, nous disons ce qui est nécessaire au développement du récit. Là-bas ? Ma foi, au moins 80 % d’une discussion sont du délayage et peuvent être éliminés.
Je pensais au chaos intégral qu’était le Monde Extérieur ; à l’imprévisibilité des choses ; à l’impossibilité de savoir ce qui avait un sens et ce qui n’en avait pas. Le monde réel était un manuscrit mal fichu auquel il manquait un bon éditeur. Je considérai ensuite le Monde des Livres et la structure narrative bien ordonnée dont nous bénéficions, nos intrigues et leurs dénouements, le respect d’une justice naturelle que nous tenions pour acquise.
Il y a sussi un jeu avec les noms interminables des héros de Dostoïevski.
Et une croisière sur un fleuve avec les personnages typiques d’un roman d’Agatha Christie (le Sacrifié, le Mystérieux passager, l’Imposteur, l’aventurier, etc.).
Se faufiler hors du pays, quand on sait que c’est interdit.
Je devais réfléchir à toute vitesse. À la différence des représentants officiels de la Poésie, qui conversaient avec des rimes riches, celui-ci était un petit flic des frontières qui parlait le jargon de la rue en vers de mirliton. Il usait de rimes jumelles, et sans doute pas très bien. Je lui balançais une composition en AABCCB de six pieds.
E. Corbould, Lord Eglinton ,1840 V&A. Parce que cette peinture troubadour avec le gars déguisé me semble bien correspondre. |
Une des premières lectures de confinement, au mois de mars, il y a un siècle, alors que je portais un pansement sur le visage depuis plus de 3 mois, avec un sentiment d’inutilité totale. Ça faisait du bien ! Depuis, tout va mieux.
Les précédents épisodes :
Il ne m’en reste plus qu’un ! 😱
Pareil, il ne m'en reste qu'un, qui plus est je l'avais emprunté à la bibli, mais ce n'était pas le bon moment. On se fait une LC, pour me booster?
RépondreSupprimerIl faut que je l'achète ! Dans quelques jours ce sera possible et oui ensuite... lecture !
SupprimerTu es vraiment la reine des titres pour exciter ma curiosité. mais on billet est encore sibyllin. Vais-je noter ce titre?
RépondreSupprimerC'est une série, il faut que tu commences par le premier ! Il y a de vrais fans ici.
SupprimerDe toute façon cette bibli est à plus de 40 km, mais quand va-telle permettre les emprunts?
RépondreSupprimerPlusieurs bibli permettent les emprunts, mais sur réservation, sans flâner entre les rayons. Quant à moi, j'attends pour passer commande, on n'est quand même pas dans le produit urgent.
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