La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 9 juillet 2020

Mais il ne faudrait pas qu’on oublie vraiment tout.

Zerocalcare, Au-delà des décombres, traduit de l’italien par Brune Seban, parution originale 2017, publié en France par Cambourakis.

Le héros, Zerocalcare, est un auteur de BD connu. Il a même pu se payer un appartement à Rome, avec une chambre d’amis. Depuis, il se débat avec les sollicitations impossibles à refuser, sous peine d’être accusé de trahison (tu vas bien nous faire un dessin pour protester contre…). Et plus compliqué encore, il revoit ses amis d’enfance, qui, eux, n’ont pas la même destinée. Évolution personnelle, désillusion, vieillir, rester fidèle à sa jeunesse… 
On a ici un croisement réussi entre une évocation des problèmes de jeunes Romains (le traducteur a volontairement laissé des romanismes typiques), diplômés et désargentés, qui se sont trouvés ensemble au G8 de Gênes en 2001, face à une classe politique qui… euh… ne fait pas rêver, et plus largement le portrait de jeunes gens (de moins en moins jeunes) qui hésitent entre deux mondes. Conserver ses amis nécessite des efforts, mais est-ce que ce sont encore des amis après tout ce temps ? Se consacrer à ses propres activités est un souhait légitime, mais doit-il tout supplanter ? Zerocalcare dialogue avec son double intérieur, son tatou, et ses petits démons familiers. De façon métaphorique, sur une lointaine planète, des monstres expliquent ce qui se passe dans le tréfonds de l’âme humaine.
Et ce n’est pas mal du tout !

Six mois plus tard, parution originale 2018.

Une sorte de tome 2. Que se passe-t-il quand on décide de laisser chacun mener sa vie, s’occuper de ses propres affaires, sans se laisser tirer par ici ou par-là, par le sentiment de culpabilité, la jalouse, la solidarité, la mauvaise conscience, bref, que se passe-t-il quand ses amis font partie du passé ? C’est une sorte de match entre les forces du bien et celles du mal auxquelles nous assistons. Une histoire d’amitié, sauf que l’amitié c’est toujours un peu compliqué.
Je trouve que plein de choses sensibles sont très bien traitées : chacun change au fil des années, mais on ne s’en rend pas forcément compte, car on répète les schémas et les blagues issus de l’enfance, l’absence de travail valorisant, l’absence de vision, l’absence d’avenir ? Et si tout ce qui restait des années 80, c’était Berlusconi ? Ben non, heureusement, y a nous aussi !



2 commentaires:

keisha a dit…

Complètement inconnu. Pas trop plombant??

nathalie a dit…

Peut-être un peu, oui. Mais deux gros volumes, c'est dense, ça ne se lit pas trop vite, c'est complexe.