La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 8 septembre 2020

Ils lui proposèrent des devinettes difficiles.

Lewis Carroll, La Chasse au Snark, publication originale 1876, traduit de l’anglais par Jacques Roubaud, lu dans l’édition Folio.

Il me restait un opus de Carroll à lire… et c’est celui-ci que j’ai préféré ! Je suis très enthousiaste ! 

La Chasse au Snark, c’est un poème, à la construction mathématique précise, qui raconte une histoire absurde, celle d’une chasse, ou plutôt d’une pêche, car nous sommes sur un bateau, au Snark. L’équipage est mené par L’Homme à la cloche (et brutalement Les Aventures de Thursday Next s’éclairent d’un jour nouveau). Il comprend un Boucher, un Boulanger, un Castor. C’est une chasse à la Moby Dick, c’est une quête magique, c’est un conte. Évidemment, c’est plein d’invention.
Il y a des mots créés de toute pièce, c’est un plaisir savoureux (comme un plat où une épice inattendue réveille le légume que vous pensiez connaître, vous voyez ?), un voyage de découverte dans les sonorités et dans l’imaginaire.
Le pedigree du texte est remarquable, puisque son premier traducteur français est Louis Aragon. Jacques Roubaud est le deuxième. L’édition Folio comporte les reproductions des illustrations de Henry Holiday qui accompagnaient la première édition. Il y a aussi deux petits textes au sujet du poème Jabberwocky, poème qui se trouve dans À travers le miroir. Ces textes sont rédigés par Bernard Cerquiglini et ils étudient les diverses traductions de l’impossible poème, composé de mots valises. L’ensemble constitue un brillant hommage aux prouesses des traducteurs.
Je note que décidément les enseignants d’Oxford avaient un goût certain pour les langues inventées et l’étymologie saxonne, y compris les profs de maths !

Tu peux le chercher   avec un dé à coudre
     tu peux le chercher            avec passion
Tu peux le chasser     avec une fourchette    et de l’espoir
     Tu peux menacer   sa vie
   avec  une action      de chemin de fer
Tu peux le charmer    avec des sourires        et du savon.

C’est la méthode        exactement
l’Homme à la Cloche   hardiment
S’écria    en un hâtif   aparté
C’est la manière         exactement
que l’on m’a dit          constamment
Que la capture     du Snark   nécessitait.

Je suis à ce point séduite que j’envisage de relire Alice et À travers le miroir dont je garde pourtant un souvenir modéré.
 
Une des illustrations originales. Je l'ai prise sur Wikipedia.

8 commentaires:

dominique a dit…

ah que ma matinée est dure c'est le deuxième titre que je vais noter impérativement et ça n'arrange pas mon arrière de lecture ça !!
merci à toi je connaissais le titre et le sujet mais je n'ai jamais été tentée mais là je crois que je vais me laisser aller

keisha a dit…

Alice, je l'ai lu , en vO je crois, sans avoir grimpé aux murs, mais c'est un classique à connaître.
Je me doute bien que Fforde a de bonnes références...

nathalie a dit…

Oh mon dieu c'est terrible tous ces bons titres à lire ! Celui-ci est très très court, je te promets.

nathalie a dit…

C'est vachement mieux qu'Alice si je puis me permettre !

Ingannmic, a dit…

Il n'y a sans doute qu'ici que l'on peut découvrir que Lewis Carroll n'a pas écrit qu'Alice, et se retrouver à noter le titre d'un "poème à la mathématique précise" !...

nathalie a dit…

J'avoue... un petit grain de folie ! Mais c'est un classique.

claudialucia a dit…

Et je ne l'ai pas encore lu mais tu me donnes envie !

Nathalie a dit…

C’est vraiment formidable ! Et tu aimeras les autres textes du recueil.