La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 10 septembre 2020

Il avait conscience d’avoir parlé à point et pas une minute trop tôt.

Jack London, La Petite dame de la grande maison, parution originale 1916, traduit de l’américain par Louis Postif.

Quelques mots d’un roman que je n’ai pas du tout apprécié.
Le roman nous dresse le portrait de Dick Forrest, le patron d’une grande ferme aux États-Unis, un homme d’affaires décidé. Puis nous rencontrons Paula, son épouse, et plusieurs de leurs amis, dont Evans Graham.
Un roman très sexiste (ah les femmes et la fécondité, les mâââles, la jument et l’étalon) et raciste (mon dieu, les domestiques chinois). C’est d’autant plus regrettable que les 50 dernières pages sont consacrées aux affres des sentiments de Paula et de Dick. Les pages où la parole est donnée à Paula sont pleines d’une grande sensibilité. Malheureusement, elles sont peu nombreuses et le sachant Dick reprend vite le contrôle de la narration. Une certaine incertitude règne dans les dernières pages. Il est dommage que London ait choisi de ne pas laisser le lecteur dans le doute. Dick impose son point de vue au lecteur alors qu’il aurait été tellement plus intéressant de nous laisser dans l’incertitude ou de nous livrer des versions différentes. C’est le retour à la norme.
Je me demande si London ne dresse pas également le tableau de la maison-ferme de ses rêves, un lieu idéal où il recevrait éternellement en toute liberté ses amis rencontrés dans le monde entier. Bon, c’est un fantasme de la mécanisation et de la mainmise de l’homme sur la nature.
Quant à Paula, c'est le portrait idéalisé de Charmian, la compagne de toutes les aventures de London, collaboratrice dans l'écriture, passionnée d'élevage de chevaux, écrivaine, femme d'affaires... Oui, il lui sert là un bel hommage, même si trop limité.
Sans moi, je crois.
Le billet de Claudia Lucia.

Tandis qu’elle appuyait sa nuque à la vaste encolure, ses cheveux d’un brun doré, défaits et trempés, semblaient entortillés dans la noire crinière. Mais son visage surtout frappa Graham : une physionomie de jeune garçon en même temps qu’une figure de femme, à la fois sérieuse et animée, exprimant un plaisir mêlé de crainte, blanche et moderne, néanmoins parfaitement païenne.

Je vous compare tous deux, je pèse, je vous mesure. Je me souviens de Dick et de toutes nos années passées ensemble. Je consulte mon cœur pour vous. Et je ne sais pas... je ne sais pas. Vous êtes un homme admirable. Mais Dick est encore plus grand que vous. Vous contenez plus d’argile, vous... je ne sais comment vous décrire... vous êtes plus humain.
 
Sargent, Le Ruisseau noir, 1908 Tate
À la suite de La Chasse au Snark, j’ai lu La Croisière du Snark (1911) de Jack London (il y a une logique) mais j’ai été déçue. Il se concentre sur les aspects pittoresques de son voyage, alors qu’il y aurait tant d’autres choses à dire. Je n’ai pas retrouvé le contenu de l’exposition vue il y a quelques années et qui m’avait vraiment intéressée. Et puis, c’est d’un racisme insupportable. C’est dommage, car les passages sur le surf, sur la pêche au caillou, sur Tahiti, sur certains paysages montrent qu’il avait tout pour écrire un récit de voyage à la hauteur de celui de Stevenson. Cela se trouve peut-être dans un autre titre ? Je vais continuer à explorer.

Jack London sur le blog :

8 commentaires:

  1. Bon, je vais me concentrer sur Martin Eden...
    Ah je pensais lire un jour cette croisière du snark...

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    1. Je suis peut-être un peu dure pour La Croisière. Le début n'est pas mal, avec le voyage, le séjour à Honolulu, les Lépreux, et puis certaines excursions. Mais ce n'est pas ce que j'attendais et puis à la fin il y a vraiment des passages pénibles.

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  2. je passe la Dame et je commence les Contes des Mers du sud!

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  3. Moi aussi je n'arrive pas à encaisser le racisme de trop nombreux de ses romans. Et ce qu'il m'a irritée ce Dick Forrest! Imbuvable ! J'ai lu aussi l'Aventureuse qui est pas insupportable au niveau du racisme.

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    1. Le pire comme tu le dis c'est que l'on sent que c'est une version idéalisée de lui-même. Il n'a rien compris.

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  4. Ouais, certains textes ont définitivement mal vieillis et, même en les replaçant dans le contexte, ils arrachent un peu poils du nez hein...

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  5. Ah non mais ce n'est pas la faute du contexte, hein. Faut arrêter avec cette excuse. En 1916 y a des tas d'écrivains qui n'étaient pas racistes.

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