Giles Milton, Le Nez d’Edward Trencom. Les Aventures héroïques et byzantines d’un fromager londonien, traduit de l’anglais par Florence Hertz, parution originale 2007, édité en France par Buchet Chastel.
Au début du roman (de nos jours), Edward Trencom, fromagier londonien, se trouve dans son lit après une dangereuse aventure survenue au Mont Athos. Et ensuite, ça démarre en 1666.
Des générations de Trencom s’étaient amusées à imaginer ce qui se passait dans l’univers nocturne des fromages. Les tommes faisaient-elles des avances aux picodons ? Les gaperons séduisaient-ils les sveltes bûchettes ? Quelles que soient les intrigues nouées pendant les heures de fermeture, et que personne ne percerait jamais à jour, ils répandaient un fumet matinal très distinctif et un peu libertin, parfum délicieux mais trop musqué que l’on trouve parfois emprisonné sous les draps des amoureux.
Voilà un charmant roman. Le premier fil est celui d’Edward Trencom, fromager, roi des fromagers, artiste au long nez incomparable, héritier d’une famille de fromagers, anglais jusqu’au bout des narines, à qui il arrive des aventures un peu bizarres, toutes en rapport avec la Grèce. Le second fil est celui de tous les Trencom, qui sont tous morts tragiquement et qui ont tous eu un rapport avec la Grèce. Il y a des Turcs, le Mont Athos, Lord Byron, les colonels et d’autres.
C’est invraisemblable ? Oui, totalement. Un roman plein d’humour, qui ne se prend pas au sérieux, avec des messages codés, et des tours grotesques. J’ai particulièrement apprécié toutes les moqueries sur le caractère anglais (ah l’auberge avec les draps à fleurs !).
C’est surtout un roman… odorant. Plein de fromages, de tous les fromages du monde, au nom inconnu. Leur parfum et leur goût sont chantés sur tous les tons, dans un bel hommage, plein de mots et de saveurs. Cela donne envie de faire la tournée des fromagers de France et du monde et de goûter le machin, là, dont on ne connaît pas le nom.
Un livre à offrir à votre fromager si vous voulez le séduire.
Edward se dépêcha de débarrasser la table et retourna se pencher sur la mousseline du stilton. Il acheva de la détacher, la laissa doucement tomber par terre, puis il recula pour admirer encore cette peau extraordinaire. Ensuite il approcha le nez d’une fissure à peine ouverte, prit son couteau et l’introduisit délicatement dans la fente. Après un temps d’arrêt, il le plongea profondément jusqu’au cœur. Il y eut une explosion de parfums qui lui donna le tournis. L’odeur évoquait l’humidité des églises et des cryptes secrètes, le champignon, le bois ciré.Rien à voir avec le fromage... mais on a toujours besoin d'une bonne écrémeuse pour séparer le lait de la crème (affiche au Musée de Normandie, Caen).
L’avis extrêmement enthousiaste de Lili Galipette.
Où je me demande si je ne l'ai pas lu... Mais alors ça fait longtemps
RépondreSupprimerLa langue n’a rien d’immortel mais c’est plaisant à lire.
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